Glaucome

Glaucome

En Allemagne, près de trois millions de personnes présentent une pression intraoculaire trop élevée et 800 000 personnes souffrent de glaucome. La fréquence d’apparition du glaucome augmente avec l’âge : dans la tranche d’âge des plus de 40 ans, environ une personne sur quarante est concernée tandis que chez les plus de 75 ans, il s’agit d’une personne sur quinze. Près des cécités acquises sont dues à une perte de la vue induite par le glaucome. En Allemagne, cette maladie est la deuxième cause de cécité.

La dégradation du nerf optique liée au glaucome est souvent causée par une augmentation de la pression intraoculaire. Chez les sujets sains, cette pression varie entre 10 et 21 mm de mercure. Une pression oculaire au-delà de 21 mm de mercure est souvent liée à un dysfonctionnement de l’élimination du liquide à l’intérieur du globe oculaire. La pression intraoculaire peut atteindre 30 à 40 mm de mercure, voire plus. Cette aug-mentation peut se produire de façon progressive, ou plus rarement en l’espace de quelques heures seulement à la suite d’une inhibition accrue de l’évacuation du liquide intraoculaire. Dans le deuxième cas, on parlera de crise aigüe de glaucome qui est généralement accompagnée de fortes douleurs au niveau de l’œil. La pression anormalement élevée est transmise au nerf optique, via le corps vitré, une masse aqueuse qui est responsable de la forme arrondie de l’œil. Ainsi, une forte pression exercée sur le nerf optique peut, à terme, endommager voire détruire ce dernier.

Parmi les personnes atteintes de glaucome, entre 30 et 40 % des patients présentent une lésion du nerf optique sans qu’une augmentation anormale de la pression intraoculaire en soit la cause. Dans ce cas là, on parlera de glaucome sans tension, ou maladie de Von Graefe. Pour ce type de glaucome, la véritable cause de la lésion nerveuse reste inconnue. Néanmoins, on suppose que l’un des facteurs majeurs dans l’expression de ce trouble est une mauvaise circulation sanguine dans les petits vaisseaux qui alimentent le nerf optique en oxygène et en subs-tances nutritives.

Les traitements possibles du glaucome sont les collyres ou une intervention chirurgicale, éventuellement par laser, afin d’améliorer l’évacuation du liquide intraoculaire. Cependant, les médicaments ne sont pas toujours tolérés et l’intervention chirurgicale ne réussit pas systématiquement. C’est pourquoi, en Allemagne, un certain nombre de patients atteints de glaucome recherchent les effets positifs du Dronabinol ou du cannabis.

En menant des recherches sur l’effet du cannabis sur l’œil au début des années soixante-dix, le Dr Robert Hepler et le Dr Ira Frank de Los Angeles ont découvert par hasard que l’inhalation de cannabis diminuait la pression intraoculaire. Lors de ces études, chez les onze volontaires ayant consommé du cannabis à un dosage de 18 mg de THC, la pression intraoculaire a diminué en moyenne de 25 % une heure après l’inhalation (Hepler, 1971). Chez deux participants pratiquement aucune modification n’a pu être observée, tandis que chez les autres, une diminution significative, pouvant atteindre 45 % a été constatée. Par conséquent, l’action du THC sur la pression intraoculaire peut agir différemment selon les personnes. Ce constat a déjà été fait dans d’autres applications thérapeutiques du cannabis. Je connais personnellement 2 patientes chez qui l’application d’un dosage de seulement 5 mg de Dronabinol par jour, depuis plusieurs années, offre un effet thérapeutique considérable pour réduire une pression intraoculaire trop élevée. Chez d’autres patients aucun effet n’a pu être enregistré, même à un dosage plus important. D’autres essais ont été conduits avec le THC sous forme de collyres, puisque de nombreux récepteurs cannabinoïdes se trouvent au niveau des yeux. C’est d’ailleurs au travers de l’application locale par gouttes que l’on peut empêcher au mieux les effets psychotropes du cannabis. Or le THC, tout comme d’autres cannabinoïdes, n’est pas solubles dans l’eau et il est difficile de trouver un excipient adapté. Les essais d’applications locales n’ont pas eu le succès thérapeu-tique escompté. Actuellement aucun traitement de ce type n’est disponible.

Des études ont pourtant révélé que le THC réduit la production du liquide intraoculaire tout comme il augmente l’écoulement de ce dernier. En plus de l’effet réducteur de la pression intraoculaire, les cannabinoïdes offrent également d’autres effets bénéfiques permettant de préserver la capacité visuelle (Pate, 2001). En effet des récepteurs cannabinoïdes sont localisés sur les vaisseaux sanguins. Les cannabinoïdes ont un effet dilatateur de ces petits vaisseaux permettant ainsi une meilleure irrigation sanguine. Ils jouent également le rôle de capteur de radicaux libres et d’antagoniste de la libération de glutamates protégeant ainsi les nerfs (Hampson, 2001). Le glutamate est l’un des neurotransmetteurs libéré en grande quantité lors d’une mauvaise circulation sanguine, accom-pagnée d’un manque d’oxygène et de substances nutritives pouvant conduire à une intoxication de l’organisme, et par conséquent, à une dégénérescence progressive du nerf optique (neurotoxicité). C’est la raison pour laquelle, les cannabinoïdes offrent également un bénéfice thérapeutique considérable en cas de glaucome dit sans tension. Dans ce cas, il est toujours conseillé de baisser préventivement la pression intraoculaire, même si elle se situe à un niveau normal.

Diverses autres maladies

Le cannabis et le Dronabinol sont utilisés avec succès pour traiter de nombreuses maladies qui n’ont pas été évoquées dans les paragraphes précédents. Dans tous les cas, aucune étude clinique sur l’efficacité des produits issus du cannabis n’est disponible à ce jour. En revanche, il existe de nombreux témoignages écrits, sans négliger pour autant quelques indications issues de la recherche fondamentale sur les possibles applications thérapeutiques du THC. Toutefois, ces indications doivent être interprétées avec précaution. D’un côté, il peut s’agir de cas isolés et qu’en réalité, seulement peu de patients atteints du même trouble pourront bénéficier des mêmes effets positifs ; de l’autre côté, il ne faut pas négliger ces témoignages et expériences. De nombreuses études cliniques ont été conduites à partir d’expériences personnelles et les résultats ont souvent été confirmés plus tard par d’autres patients présentant la même symptomatologie.

En ce qui concerne d’autres maladies, comme le lupus érythémateux ou la sclérose latérale amyotrophique, les symptômes peuvent varier considérablement d’un patient à l’autre. Dans ces cas précis, l’efficacité des produits à base de cannabis dépend fortement des symptômes à traiter.