Hyperkinésie, Tremblements Musculaires

Cannabis médical pour troubles de la motricité liés à une hyperkinésie

Les déficiences neuro-motrices font partie du groupe des troubles liés soit à une hyperkinésie, soit à une hypokinésie.

L’hyperkinésie est caractérisée par un excès de mouvements involontaires comprenant :

* des tics, par exemple dans le syndrome de Gilles de la Tourette
* des tremblements musculaires (tremblements essentiels)
* de la dystonie musculaire
* de la dyskinésie tardive
* de la myoclonie
* de la chorée

 

L’hypokinésie se traduit par une réduction de l’activité motrice, par exemple dans la maladie de Parkinson.

 

Tics : les bénéfices des produits à base de cannabis dans le traitement des tics ont déjà été évoqués dans le paragraphe relatif au syndrome de Gilles de la Tourette. En conclusion, les effets sont positifs.

 

Tremblements : certains patients atteints de SEP témoignent d’une réduction de leurs tremblements musculaires. En 1983, lors d’une étude menée auprès de 8 patients SEP, à qui l’on avait administré un traitement de 5 à 15 mg de Dronabinol, une amélioration considérable des importants tremblements a été observée chez deux d’entre eux. Chez les 6 autres patients, aucune amélioration notable n’a pu être constatée (Clifford, 1983). Lors d’une étude plus récente, menée en Grande-Bretagne, auprès de patients SEP souffrant de tremblements, l’administration par voie orale d’un produit extrait du cannabis n’a pas non plus apporté de bénéfice thérapeutique significatif. Il semblerait que peu de patients présentant ce symptôme répondent à cette forme de traitement.

En revanche, aucune étude clinique n’est disponible à ce jour pour répondre à la question de savoir si les produits dérivés du cannabis présentent un bénéfice thérapeutique contre les tremblements. Ces troubles sont principalement observés chez des personnes âgées dont une main tremble de façon ininterrompue rendant quasi impossible le simple fait de tenir une tasse. Il y a quelques années, une patiente SEP âgée, qui prenait un traitement à base de Dronabinol, m’a raconté que sa sœur avait essayé une de ses gélules de 2,5 mg de Dronabinol, et qu’ensuite les tremblements continuels avaient diminués progressivement. L’effet qui s’est produit vers midi a duré jusqu’au soir.

 

Dystonies : sous le nom de dystonie, on regroupe les troubles qui se traduisent par des crampes musculaires à intervalles rapprochés. Parmi ce groupe figurent la contraction spastique des paupières (blépharospasme), la torsion du cou (torticolis) et le spasme médian de la face, appelé également dystonie faciale (syndrome de Meige). Certains patients présentent des symptômes, comme la contraction des lèvres ou d’autres mouvements de la langue, tandis que d’autres développent des contractions s’étendant jusqu’aux épaules. Les traitements consistent soit en des injections locales de toxine botulinique, qui ont un effet paralysant et décontractant, soit en un traitement à base de médicaments, par exemple des benzodiazépines. En règle générale, les résultats obtenus avec ces traitements ne sont pas satisfaisants.

Dans des tests sur animaux (hamsters et rats), les cannabinoïdes ont pu calmer des mouvements dystoniques (Richter, 1994).

Chez l’homme, en revanche, il n’y a pas encore suffisamment de résultats disponibles issus d’études cliniques. Toutefois, deux scientifiques ont rapporté que la prise de 200 mg de cannabidiol (CBD) a réduit les symptômes chez un patient souffrant du syndrome de Meige (Snider, 1984). En 1986, un autre groupe de travail a révélé les résultats de ses recherches menées auprès de 5 patients atteints de diverses formes de dystonie. Les sujets avaient reçu un traitement à base de 100 à 600 mg de cannabidiol (CBD) par jour pendant six semaines (Sandyk, 1986). Grâce à ce traitement, les symptômes ont pu être diminués entre 20 et 50 %. En revanche, lors d’une étude en 2002, aucune amélioration des diverses formes de dystonie testées n’a pu être enregistrée avec un traitement à base de Nabilone, un dérivé synthétique du THC (Fox, 2002).

Au cours de la même année, une revue spécialisée a relaté le cas d’une canadienne, souffrant depuis plus de dix ans de dystonie et de fortes douleurs au niveau de l’hypothalamus. Malgré des traitements à base d’opiacés et d’autres analgésiques, elle n’arrivait pas à calmer suffisamment ses douleurs (Chatterjee, 2002). En revanche, en fumant les cigarettes de cannabis, elle a réussi à réduire considérablement ses souffrances.

Dyskinésie tardive : elle apparaît souvent comme effet secondaire d’un traitement à base de neuroleptiques (prescrits notamment dans des cas de schizophrénie). Ces effets secondaires s’étendent même une fois le traitement arrêté, voire, souvent, ils s’intensifient. Les symptômes habituels de dyskinésie tardive se caractérisent par des mouvements involontaires au niveau des mâchoires, de la langue et de la bouche, rappelant la mastication ou la grimace, mais aussi de mouvements rythmés des mains et du torse. De plus, la maladie peut également entrainer une affection respiratoire. De manière générale, les résultats des traitements avec les médicaments disponibles sont insatisfaisants. Quant aux traitements à base de cannabis, aucune étude clinique n’a été réalisée à ce jour. Je pourrais néanmoins témoigner des expériences positives d’un patient, mais puisqu’il s’agit d’un cas isolé, il n’est pas prudent de vouloir déjà en tirer des conclusions générales pour d’autres patients.

 

Myoclonie : elle se traduit par des apparitions brèves de contractions musculaires involontaires et irrégulières d’un muscle, ou d’un groupe de muscles. La myoclonie peut être déclenchée par une intoxication, une lésion cérébrale infantile ou une sclérose en plaques. Des patients SEP ont relaté que les produits à base de cannabis leur sont bénéfiques.

 

Chorées : parmi les diverses chorées, c’est la chorée de Huntington, ou chorée rhumatismale, qui est la plus répandue. Elle est caractérisée par de rapides contractions involontaires et irrégulières de groupes musculaires, répandues dans tout le corps. De plus, le psychisme du patient tend à se modifier. À la faculté de Médecine de Hanovre (Allemagne), une patiente atteinte de la chorée de Huntington a reçu un traitement à base de Dronabinol (Müller-Vahl, 1999). Au cours des heures qui ont suivi la prise du médicament, les symptômes de la maladie se sont aggravés. Dans une autre étude, le Nabilone s’est avéré avoir des effets positifs (Curtis, 2006). De ce fait, le rôle des cannabinoïdes dans la maladie de Huntington demande à être mieux précisé.