Cannabis Médical

Cannabis Médical

CANNABIS EN MÉDECINE

Les applications médicales des produits issus du cannabis

Le cannabis et le Dronabinol, grâce à leur large spectre d’applications thérapeutiques, peuvent être bénéfiques pour traiter une multitude de maladies et de symptômes. Bien que divers médicaments efficaces pour le traitement de nombreuses indications soient déjà disponibles aujourd’hui, ils ne soulagent pas toujours suffisamment l’ensemble des patients et provoquent parfois des effets secondaires indésirables, voire inacceptables.

Par exemple, nous avons à notre disposition des analgésiques très puissants, comme l’aspirine ou la novalgine, mais que de nombreux patients ne tolèrent plus à cause des troubles digestifs qu’ils provoquent. De même, chez certaines personnes, les opiacés (par exemple la morphine) provoquent des nausées, voire une forte constipation, tandis que chez d’autres, les analgésiques courants ou d’autres pratiques comme le TENS (électro-neurostimulation transcutanée) ou l’acupuncture, ne permettent pas d’obtenir des résultats suffisants. Cannabis médical

Il en va de même pour de nombreuses autres maladies et médicaments. Le cannabis ne soulage pas dans tous les cas. De nombreux patients pensaient que les préparations à base de cannabis seraient leur médicament de la dernière chance et sont ensuite déçus en s’apercevant que l’effet attendu n’est pas obtenu ou bien que des effets indésirables apparaissent. Néanmoins, beaucoup d’exemples ont démontré que le cannabis et le Dronabinol représentent bien parfois cette dernière chance et que les principes actifs agissent efficacement tout en étant souvent parfaitement bien tolérés par beaucoup de patients.

Les produits issus du cannabis peuvent souvent être associés efficacement à d’autres médicaments afin de réduire le dosage de ceux-ci. Par exemple, le Dronabinol et les opiacés sont complémentaires en ce qui concerne leurs propriétés analgé-siques. De plus, le Dronabinol atténue les nausées provoquées par les opiacés. Il est également possible de réduire le dosage des ces derniers afin de diminuer leur action constipante. C’est ce qu’ont décrit en 2003 le Dr Mary Lynch et ses collaborateurs de l’université de Halifax (Canada) dans une revue spécialisée. L’article relate le cas de 3 patients souffrant de douleurs chroniques (sclérose en plaques, neuropathies associées à une infection VIH, douleurs au dos et aux jambes suite à un accident) et qui ont pu réduire significativement le dosage de leurs préparations à base d’opiacés en fumant du cannabis (Lynch, 2003). Le patient souffrant de neuropathies liées à une infection VIH prenait une préparation de morphine à durée d’action prolongée à un dosage élevé de 360 mg par jour. Au bout de quatre mois, à compter du début de l’association avec le cannabis, il a réduit les doses de moitié, et au bout de cinq mois supplémentaires, il a entièrement arrêté son traitement aux opiacés.

D’autres médicaments se laissent moins bien combiner avec le cannabis. Ils sont traités en détail dans le chapitre Interactions du cannabis avec d’autres médicaments. Toutefois, des effets secondaires dangereux pour la santé, voire pour la vie, comme ceux décrits pour de nombreux autres médicaments, comme par exemple le Viagra® utilisé dans les dysfonctions érectiles, n’ont jamais été rapportés pour les produits issus du cannabis.

Voici les applications thérapeutiques possibles du cannabis et du Dronabinol pour les affections et les symptômes suivants :

Nausées et vomissements : effets secondaires liés à une chimiothérapie contre le cancer, VIH/sida, hépatite C, vomisse-ments de la grossesse, nausées causées par la migraine.

Pertes de l’appétit et amaigrissements : VIH/sida, cancers avancés, hépatite C.

Spasticité, crampes et durcissements musculaires : sclérose en plaques, paraplégie, sclérose latérale amyotrophique, spasti-cité après une attaque cérébrale, céphalée (tension artérielle), maux de têtes induits par des tensions, hernies discales, lumbagos.

Troubles du mouvement : syndrome de Gilles de la Tourette, dystonie musculaire, dyskinésie induite par lévodopa, dyski-nésie tardive, maladie de Parkinson, tremblements.

Douleurs : migraine, céphalée vasculaire de Horton, douleurs du membre fantôme, névralgie, règles douloureuses, paresthésie (picotement, fourmillement, douleur cuisante), douleurs induites par le diabète ou le sida, hyperalgésie (sensibilité excessive à la douleur), crampe musculaire, arthrose, arthrite, colite ulcéreuse, impatience des jambes, fibromyalgie.

Allergies, démangeaisons et inflammations : asthme, arthrite, colite ulcéreuse, maladie de Crohn, allergies aux poussières domestiques, rhume des foins, forte démangeaison induite par une maladie du foie, neurodermite, pyrexie.

Maladies psychiatriques : dépression, anxiété, troubles bipolaires (maniaco-dépressions), troubles de stress post-traumatique, hyperactivité (TDAH), impuissance, dépendance à l’alcool, aux opiacés ou aux somnifères, insomnie, troubles du comportement (signes de la maladie d’Alzheimer).

Troubles gastro-intestinaux : gastrite, colite ulcéreuse, maladie de Crohn, entérite.

Troubles de la pression intraoculaire : glaucome.

Troubles auditifs, vertiges et perte d’équilibre : acouphènes, nystagmus, maladie de Ménière.

Asthme et troubles respiratoires.

Épilepsie.

Hoquet.

Accouchement :: stimulateur des contractions.

 

Maladies psychiatriques

Dépression

Angoisses et troubles de stress post-traumatiques

Psychoses affectives, dépressions endogènes et troubles bipolaires

Troubles du comportement liés à la maladie d’Alzheimer

Autisme

Impuissance sexuelle et dysfonction érectile

Troubles du sommeil et insomnies

Accoutumance à l’alcool, aux opiacés et aux somnifères

 

Maladies neuropsychiatriques

Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH)

Trouble Obsessif Compulsif (TOC), pensées, impulsions et tendances impératives

Syndrome de Gilles de la Tourette

 

Maladies neurologiques

Spasticité, sclérose en plaques et paraplégie

Troubles de la motricité liés à une hyperkinésie

Maladie de Parkinson

Epilepsie

Douleurs physiques

Céphalées

Troubles gastro-intestinaux

Ulcère gastroduodénal et brûlures de l’estomac

Diarrhée

Syndrome de l’intestin irritable

 

Nausées et vomissements

Chimiothérapie anticancéreuse

VIH/sida

Autres maladies accompagnées de nausées

 

Perte d’appétit et amaigrissement

Cancers

Sida

Maladie d’Alzheimer

 

Inflammations et allergies

Inflammations

Allergies

 

 

Toux et asthme

 

Glaucome

 

Diverses autres maladies

Hoquet

Nystagmus

Cancer

Troubles respiratoires

Maladies cardio-vasculaires

Maladies cardio-vasculaires

Maladies cardio-vasculaires

Un autre domaine de recherche sur les cannabinoïdes concerne les maladies cardio-vasculaires. Des scientifiques de l’université de Würzburg (Allemagne) ont mené des tests sur des rats chez qui un infarctus du myocarde avait été déclenché. Plusieurs symptômes liés à l’insuffisance cardiaque ont pu être évités chez ces animaux grâce à l’administration quotidienne d’un cannabinoïde (Wagner, 2003). L’insuffisance cardiaque est une conséquence grave possible d’une crise cardiaque ou d’autres maladies du cœur. Elle se manifeste lorsque le cœur perd progressivement sa fonction de pompage. Chez les rats, elle s’est développée en moyenne au cours des douze semaines qui ont suivi la crise cardiaque. Le traitement à base de canna-binoïdes, après un infarctus du myocarde, a empêché une chute de la tension artérielle ainsi qu’un dysfonctionnement des artères (dysfonctionnement endothélial). En parallèle, ce traitement a augmenté la pression de remplissage du ventricule gauche, qui, si elle reste trop faible, peut avoir à long terme des conséquences néfastes sur la santé. « En conclusion, le système endocannabinoïde et les cannabinoïdes peuvent être utiles dans la perspective d’une thérapie après un infarctus du myocarde », a-t-il été conclu dans un article paru dans le British Journal of Pharmacology au sujet de l’étude menée par les chercheurs de Würzburg.

Des chercheurs anglais et américains travaillent également sur des substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques et qui influenceraient le système cannabinoïde naturel pour traiter les maladies cardio-vasculaires. Un domaine prometteur concerne l’usage des cannabinoïdes dans le traitement de l’hypertension. D’après une étude menée à l’université de Nottingham, Angleterre, publiée en 2009, l’endocannabinoïde anandamide et un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) ont réduit l’hypertension chez des rats hypertendus artificiellement par l’administration d’une substance nocive. Ces effets ont été associés à une vasodilatation des artères. Chez les rats normaux, les cannabinoïdes n’ont provoqué aucune de baisse de tension artérielle (Ho, 2009).

Un membre de l’Association pour le Cannabis Médical, qui a d’abord fait l’expérience des effets antalgiques du cannabis, a témoigné à ce sujet. « Depuis environ dix ans, je consomme du cannabis pour lutter contre les douleurs au niveau des articulations talo-calcanéennes (articulatio talocalcanea) et du genou. Après avoir observé une atténuation de mes douleurs, j’ai arrêté le cannabis pendant plus d’un an. Une tension artérielle supérieure à la normale m’a alors été diagnostiquée. J’avais fréquemment 27/16 de tension. Malgré de nombreux traitements conventionnels (ebrantil, cynt, beloc, nebilet, delix, norvasc) ainsi qu’un régime alimentaire adapté, ma tension restait toujours élevée à 16/10. C’est alors que j’ai recommencé à consommer du cannabis. Je le fume, j’en fais du thé et, de temps en temps, je le mélange aux ingrédients quand je

confectionne des gâteaux. Grâce aux effets du cannabis, ma tension s’est stabilisée à 13,5/7,5. Je mes sens de nouveau bien et hormis quelques restrictions, j’ai pu reprendre le travail. Quant aux traitements médicamenteux, j’ai pu réduire considérablement les doses depuis, et je suis persuadé que dans quelques temps, je n’en aurai plus besoin du tout ».

En règle générale, la prudence est de mise face à des témoignages comme celui-ci puisqu’il n’est pas exclu qu’une réelle baisse de la tension aurait pu se produire sans consommation de cannabis. Des études futures nous diront si les cannabinoïdes représentent une alternative thérapeutique intéressante dans le domaine des maladies cardio-vasculaires.

Troubles respiratoires

Cannabis contre des troubles respiratoires

L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire qui se caractérise par de brefs arrêts de la respiration pendant le sommeil. Ces pauses apnéiques sont presque toujours alternées par des phases de ronflements, bien que les personnes qui ronflent ne souffrent pas systématiquement d’apnée du sommeil. Ces fréquentes interruptions du sommeil profond et récupérateur conduisent souvent à un état de fatigue marquée au cours de la journée. Elles peuvent parfois être associées à des battements irréguliers du cœur, de l’hypotension, des crises cardiaques ou des attaques cérébrales.

Des chercheurs du Centre des troubles du sommeil et de la ventilation de l’université de Chicago dans l’Illinois ont mené des études sur des animaux (rats) pour suivre les effets du THC et d’un endocannabinoïde sur le sommeil, le schéma respiratoire ainsi que l’apnée du sommeil (Carley, 2002). Les auteurs des essais ont découvert que les deux cannabinoïdes stabilisaient la respiration pendant toutes les phases du sommeil et réduisaient le phénomène d’apnée. Par conséquent, les cannabinoïdes endogènes pourraient jouer un rôle important dans le maintien de la stabilité du sommeil. De plus, la découverte de l’effet du THC et de l’endocannabinoïde sur l’atténuation de l’apnée du sommeil est prometteuse dans la mise au point de nouveaux traitements des troubles du sommeil liés à des difficultés respiratoires.

Cancers

Cannabis et Cancers

Diverses études révèlent l’efficacité du THC et d’autres cannabinoïdes pour ralentir l’évolution de certains cancers. Ainsi, lors d’un test in vitro, les cannabinoïdes ont empêché la reproduction des cellules cancéreuses (Melck, 2000). Dans un essai sur le modèle animal d’une tumeur maligne du cerveau (rats), le glioblastome multiforme, le THC a pu guérir entièrement un tiers des animaux et allonger considérablement la durée de vie d’un autre tiers (Galve-Roperh, 2000). Dans cet essai, le THC a été introduit directement dans la tumeur par une simple intervention chirurgicale.

On ne sait toujours pas si les résultats obtenus chez les animaux peuvent être généralisables pour l’homme, ou en d’autres termes, si une thérapie anticancéreuse à base de cannabinoïdes sera bientôt disponible. À ce jour, les connaissances pour déterminer les cancers qui pourraient répondre à certains types de traitement et avec certains dosages, restent insuffisantes.

British Journal of Cancer en 2007. Les patients souffraient de glioblastome, une tumeur du cerveau très agressive, contre laquelle toutes les thérapies conventionnelles avaient échouées (chirurgie et radiothérapie). Le temps de survie moyen des patients était de 24 semaines et près de deux ans pour deux d’entre eux. Le THC a été administré directement dans la tumeur au travers d’un petit cathéter. La dose initiale de 20 à 40 mg par jour a été augmentée de 80 à 180 mg par jour. Les patients ont été traités de 10 à 64 jours et ce traitement était très bien toléré. Les tumeurs des neufs patients présentaient des niveaux de récepteurs CB1 et CB2 différents qui ne purent être mis en corrélation avec la durée de survie. En raison du protocole de l’étude, il n’a pas été possible de faire de corrélation entre les effets du THC et le temps de survie. Un groupe témoin de personnes sans traitement, ou avec un traitement différent, aurait été nécessaire au protocole. En comparant les résultats de cette étude avec d’autres études et d’autres traitements, un effet bénéfique du THC peut être supposé. Les chercheurs ont indiqué que le THC « ne facilite pas le développement de la tumeur et ne réduit pas le temps de survie ». Ils suggèrent de mener d’autres études plus appro-fondies sur les effets des cannabinoïdes, utilisés seuls ou en combinaison avec d’autres médicaments, sur ces tumeurs, ainsi que sur d’autres types de tumeurs cancéreuses (Guzman, 2006).

Hoquet et Nystagmuss

Hoquet

Il y a quelques années, la revue spécialisée Lancet« Puisque le hoquet réfractaire aux traitements est une maladie rare, il est peu probable qu’un jour une étude clinique contrôlée sur l’utilisation du cannabis pour cette pathologie soit menée. Bien que la législation interdise l’utilisation du cannabis, ce cas devrait permettre de prendre sérieusement en compte le potentiel thérapeutique des produits à base de cannabis dans le traitement du hoquet des personnes chez qui tous les autres médicaments ont pas été inefficaces », ont conclu Gilson et Busalacchi, les auteurs de l’article.

 

Nystagmuss

Des neurologues d’une clinique de Londres ont rapporté dans la revue spécialisée Neurology le cas d’un patient atteint de sclérose en plaques souffrant de nystagmus pendulaire (Schon, 1999). Il s’agit d’un trouble de la motricité des yeux, caractérisé par une succession de mouvements involontaires et généralement rythmés, des globes oculaires. De telles oscillations des yeux handicapent fortement les personnes concernées. Le patient cité a remarqué qu’en fumant deux cigarettes de cannabis, les symptômes diminuaient signifi-cativement et que l’effet durait entre quatre et cinq heures. Les médecins britanniques ont pu enregistrer pendant plusieurs jours ces effets, notamment à l’aide d’une caméra vidéo. Grâce aux moyens techniques, ils ont également observé une amélioration de l’acuité visuelle du patient. Avec les cigarettes de cannabis, le nystagmus n’a pas disparu, mais l’intensité des mouvements oculaires a pu être réduite considérablement. En revanche, un dosage élevé, allant jusqu’à 40 mg de Dronabinol par jour n’a pas apporté une amélioration plus importante des symptômes.

Glaucome

Glaucome

En Allemagne, près de trois millions de personnes présentent une pression intraoculaire trop élevée et 800 000 personnes souffrent de glaucome. La fréquence d’apparition du glaucome augmente avec l’âge : dans la tranche d’âge des plus de 40 ans, environ une personne sur quarante est concernée tandis que chez les plus de 75 ans, il s’agit d’une personne sur quinze. Près des cécités acquises sont dues à une perte de la vue induite par le glaucome. En Allemagne, cette maladie est la deuxième cause de cécité.

La dégradation du nerf optique liée au glaucome est souvent causée par une augmentation de la pression intraoculaire. Chez les sujets sains, cette pression varie entre 10 et 21 mm de mercure. Une pression oculaire au-delà de 21 mm de mercure est souvent liée à un dysfonctionnement de l’élimination du liquide à l’intérieur du globe oculaire. La pression intraoculaire peut atteindre 30 à 40 mm de mercure, voire plus. Cette aug-mentation peut se produire de façon progressive, ou plus rarement en l’espace de quelques heures seulement à la suite d’une inhibition accrue de l’évacuation du liquide intraoculaire. Dans le deuxième cas, on parlera de crise aigüe de glaucome qui est généralement accompagnée de fortes douleurs au niveau de l’œil. La pression anormalement élevée est transmise au nerf optique, via le corps vitré, une masse aqueuse qui est responsable de la forme arrondie de l’œil. Ainsi, une forte pression exercée sur le nerf optique peut, à terme, endommager voire détruire ce dernier.

Parmi les personnes atteintes de glaucome, entre 30 et 40 % des patients présentent une lésion du nerf optique sans qu’une augmentation anormale de la pression intraoculaire en soit la cause. Dans ce cas là, on parlera de glaucome sans tension, ou maladie de Von Graefe. Pour ce type de glaucome, la véritable cause de la lésion nerveuse reste inconnue. Néanmoins, on suppose que l’un des facteurs majeurs dans l’expression de ce trouble est une mauvaise circulation sanguine dans les petits vaisseaux qui alimentent le nerf optique en oxygène et en subs-tances nutritives.

Les traitements possibles du glaucome sont les collyres ou une intervention chirurgicale, éventuellement par laser, afin d’améliorer l’évacuation du liquide intraoculaire. Cependant, les médicaments ne sont pas toujours tolérés et l’intervention chirurgicale ne réussit pas systématiquement. C’est pourquoi, en Allemagne, un certain nombre de patients atteints de glaucome recherchent les effets positifs du Dronabinol ou du cannabis.

En menant des recherches sur l’effet du cannabis sur l’œil au début des années soixante-dix, le Dr Robert Hepler et le Dr Ira Frank de Los Angeles ont découvert par hasard que l’inhalation de cannabis diminuait la pression intraoculaire. Lors de ces études, chez les onze volontaires ayant consommé du cannabis à un dosage de 18 mg de THC, la pression intraoculaire a diminué en moyenne de 25 % une heure après l’inhalation (Hepler, 1971). Chez deux participants pratiquement aucune modification n’a pu être observée, tandis que chez les autres, une diminution significative, pouvant atteindre 45 % a été constatée. Par conséquent, l’action du THC sur la pression intraoculaire peut agir différemment selon les personnes. Ce constat a déjà été fait dans d’autres applications thérapeutiques du cannabis. Je connais personnellement 2 patientes chez qui l’application d’un dosage de seulement 5 mg de Dronabinol par jour, depuis plusieurs années, offre un effet thérapeutique considérable pour réduire une pression intraoculaire trop élevée. Chez d’autres patients aucun effet n’a pu être enregistré, même à un dosage plus important. D’autres essais ont été conduits avec le THC sous forme de collyres, puisque de nombreux récepteurs cannabinoïdes se trouvent au niveau des yeux. C’est d’ailleurs au travers de l’application locale par gouttes que l’on peut empêcher au mieux les effets psychotropes du cannabis. Or le THC, tout comme d’autres cannabinoïdes, n’est pas solubles dans l’eau et il est difficile de trouver un excipient adapté. Les essais d’applications locales n’ont pas eu le succès thérapeu-tique escompté. Actuellement aucun traitement de ce type n’est disponible.

Des études ont pourtant révélé que le THC réduit la production du liquide intraoculaire tout comme il augmente l’écoulement de ce dernier. En plus de l’effet réducteur de la pression intraoculaire, les cannabinoïdes offrent également d’autres effets bénéfiques permettant de préserver la capacité visuelle (Pate, 2001). En effet des récepteurs cannabinoïdes sont localisés sur les vaisseaux sanguins. Les cannabinoïdes ont un effet dilatateur de ces petits vaisseaux permettant ainsi une meilleure irrigation sanguine. Ils jouent également le rôle de capteur de radicaux libres et d’antagoniste de la libération de glutamates protégeant ainsi les nerfs (Hampson, 2001). Le glutamate est l’un des neurotransmetteurs libéré en grande quantité lors d’une mauvaise circulation sanguine, accom-pagnée d’un manque d’oxygène et de substances nutritives pouvant conduire à une intoxication de l’organisme, et par conséquent, à une dégénérescence progressive du nerf optique (neurotoxicité). C’est la raison pour laquelle, les cannabinoïdes offrent également un bénéfice thérapeutique considérable en cas de glaucome dit sans tension. Dans ce cas, il est toujours conseillé de baisser préventivement la pression intraoculaire, même si elle se situe à un niveau normal.

Diverses autres maladies

Le cannabis et le Dronabinol sont utilisés avec succès pour traiter de nombreuses maladies qui n’ont pas été évoquées dans les paragraphes précédents. Dans tous les cas, aucune étude clinique sur l’efficacité des produits issus du cannabis n’est disponible à ce jour. En revanche, il existe de nombreux témoignages écrits, sans négliger pour autant quelques indications issues de la recherche fondamentale sur les possibles applications thérapeutiques du THC. Toutefois, ces indications doivent être interprétées avec précaution. D’un côté, il peut s’agir de cas isolés et qu’en réalité, seulement peu de patients atteints du même trouble pourront bénéficier des mêmes effets positifs ; de l’autre côté, il ne faut pas négliger ces témoignages et expériences. De nombreuses études cliniques ont été conduites à partir d’expériences personnelles et les résultats ont souvent été confirmés plus tard par d’autres patients présentant la même symptomatologie.

En ce qui concerne d’autres maladies, comme le lupus érythémateux ou la sclérose latérale amyotrophique, les symptômes peuvent varier considérablement d’un patient à l’autre. Dans ces cas précis, l’efficacité des produits à base de cannabis dépend fortement des symptômes à traiter.

Toux et asthme

Traiter toux et asthme avec Cannabis

chanvre indienn), étaient très largement utilisées. En Inde, le cannabis est utilisé couramment depuis de nombreux siècles pour calmer la toux.

 

Asthme

Dans les années soixante-dix, des études cliniques ont été conduites avec du THC et d’autres cannabinoïdes auprès d’asthmatiques et de sujets bien portants. Dans une de ces études, des réactions asthmatiques ainsi que des contractions douloureuses des bronches ont été provoquées après inhalation chez huit patients (Tashkin, 1975). Dans les dix minutes qui ont suivi l’inhalation de cannabis, les spasmes se sont atténués. Néanmoins, il n’est pas recommandé de fumer du cannabis à cause de son effet irritant sur les muqueuses. En revanche, il peut très bien être utilisé par voie orale, par exemple en thé ou mélangé dans des gâteaux. Puisque dans le traitement de l’asthme, le mécanisme d’action du THC est différent de celui des remèdes communs, il est tout à fait possible d’associer le THC à d’autres formes de traitement. En 1984, une étude a révélé que l’effet thérapeutique reste constant à un dosage de 20 mg de THC oral pendant vingt jours. Cela démontre qu’il est possible d’administrer le THC même à long terme (Gong, 1984).

De plus, les actions antiallergiques et anti-inflammatoires du THC peuvent également être très bénéfiques dans le traitement de l’asthme.

 

Toux

En l’an 2000, un groupe de chercheurs a découvert la raison pour laquelle, chez de nombreuses personnes, le cannabis provoque la toux tandis que chez d’autres, il la calme en même temps qu’il réduit les spasmes douloureux des bronches.

Dans un article paru dans le journal scientifique Nature, il est relaté que chez des rats et des cochons d’Inde, l’endo-cannabinoïde anandamide exerce une action calmante sur les muscles respiratoires uniquement quand ces derniers ont été préalablement contractés par une stimulation à la capsaïcine (Calignano, 2000). En revanche, si les muscles de l’appareil respiratoire sont initialement décontractés, l’anandamide peut au contraire provoquer un accès de toux. « Nous pensons pouvoir soigner des toux liées à différentes causes grâce aux effets du THC sur les récepteurs cannabinoïdes présents dans les voies respiratoires supérieures », a expliqué lors d’une interview le professeur Daniele Piomelli, un des chercheurs de l’université de Californie participant à l’étude. « Cette décou-verte est fondamentale puisqu’aujourd’hui la plupart des traitements habituels se focalisent sur une seule région du cerveau qui est le centre de la toux et qui réagit au contact de la codéine et d’autres médicaments similaires ».

Allergies

Cannabis et Allergies

En janvier 2003, une étude conduite à l’université du Michigan sur des souris a démontré que les deux cannabinoïdes, le THC et le cannabinol (CBN), réduisaient la réaction allergique des animaux, sensibilisés préalablement à une substance à base d’albumine. Les scientifiques, de manière contrôlée, ont provoqué chez ces animaux une réaction pro-allergique à une protéine avant de les vaporiser avec cette même substance. Les souris ont réagi dans les vingt-quatre heures par une importante augmentation du nombre de cytokines pro-allergiques dans les poumons ainsi que par d’autres symptômes allergiques comme un taux élevé d’immunoglobuline E (IgE) dans le sang et dans le mucus des poumons. L’ensemble de ces symptômes inflammatoires a donc pu être réduit significativement par le THC et le CBN. « Les cannabinoïdes offrent un potentiel thérapeutique dans le traitement des affections respiratoires d’origine allergique à cause de l’action antagoniste de l’expression anormale de cytokines par les lymphocytes T et à l’inhibition du processus inflammatoire associé », ont conclu les chercheurs dans une revue scientifique.

D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Bonn (Allemagne) sur des animaux, l’application d’une pommade contenant du THC est capable de réduire les réactions allergiques de la peau. Le rôle des endocannabinoïdes s’est avéré être important dans le processus inflammatoire. L’augmentation du niveau d’endocannabinoïdes réduit les réactions inflammatoires alors que l’absence de récepteurs cannabinoïdes les augmente (Karsak, 2007).

Inflammations

Cannabis contre des inflammations

Le professeur Grinspoon de l’université de Harvard a rapporté en 1994 le cas d’une patiente atteinte de la maladie de Crohn. Le cannabis, en plus d’un effet calmant sur les douleurs abdominales, a également permis de réduire la posologie du traitement anti-inflammatoire.

La maladie de Crohn, tout comme la colite ulcéreuse, consiste en une inflammation chronique de l’appareil digestif, dont la cause reste encore mal connue. L’inflammation peut porter sur n’importe quel organe du système gastro-intestinal. Le plus souvent, elle se localise sur la partie située entre l’intestin grêle et le gros intestin. Des diarrhées fréquentes, parfois accompa-gnées de crampes intestinales, notamment du côté droit du bas-ventre, caractérisent cette affection. Après plusieurs années de maladie, la plupart des patients développent des complications, telles que des occlusions et des ulcérations intestinales rendant une intervention chirurgicale souvent nécessaire. Le traitement habituel est basé sur des médicaments anti-inflammatoires, par exemple la cortisone, ainsi que des médicaments anti-diarrhéiques.

En 2004, un patient atteint de la maladie de Crohn a été acquitté par une cours de justice en Allemagne. Il est aujourd’hui autorisé à utiliser du cannabis pour traiter ses symptômes. Selon ses témoignages, il s’agit pour lui du meilleur médicament pour réduire les crampes intestinales, ouvrir l’appétit et traiter le fond de son inflammation chronique. En 2002, avec d’autres patients, il s’est confié au magazine allemand Stern. Tous les patients étaient considérés comme des consommateurs illégaux de cannabis.

En outre, un traitement à base de produits issus du cannabis peut également être bénéfique pour les patients souffrant de colites ulcéreuses ou d’arthrite (inflammations des articu-lations).

Les maladies inflammatoires sont très souvent accompagnées d’autres troubles. « J’avais constamment la diarrhée, j’étais dépressif et sans entrain et je maigrissais lentement, mais sûrement. J’avais perdu l’appétit. D’ailleurs, je ne pouvais avaler quelque chose qu’après avoir consommé du cannabis. Il y avait des jours avec et des jours sans. Chaque matin je me demandais, si j’allais ou non passer toute ma journée aux toilettes. L’effet le plus spectaculaire du cannabis a été pour moi celui exercé sur mes intestins. Parfois le matin, je ne pouvais même pas rester au lit parce qu’il me fallait aller à la selle tous les quarts d’heure. En revanche, après avoir consommé du cannabis, je retournais encore une fois aux toilettes et puis j’étais tranquille pendant plusieurs heures. Dans mon cas, le THC est bénéfique pour traiter le colon irritable tout comme les crampes musculaires. Grâce à lui, je peux me passer des médicaments antispasmodiques (atropine) qui, de toute façon, n’avaient pas beaucoup d’effets », a témoigné un homme atteint de la maladie de Crohn.

J’aimerais encore ajouter un autre témoignage. Il m’est parvenu par courrier électronique, de la part d’un homme qui a observé des effets positifs du cannabis pour prévenir l’épisclérite, une maladie inflammatoire des yeux qui cause d’importants désa-gréments. « Pendant huit ans, je souffrais d’apparitions de plus en plus fréquentes d’épisclérite. Au début seulement deux à trois fois par an, et puis cinq à huit fois. Les deux dernières années, les sclérites nécessitaient même des traitements à base d’ultracortenol à fortes doses (une préparation à base de cortisone) parce que les gouttes d’antibiotiques ne suffisaient plus. Le traitement à base du nouveau médicament miracle allemand, l’ecolicin, (un antibiotique à base d’érythromycine) provoquait même une progression galopante du processus inflammatoire. Aucun médecin n’a réussi à me guérir complètement. Je représente le type même du sujet atopique : allergies à divers pollens, acariens et moisissures, eczéma séborrhéique et crises d’asthme de faible intensité. Les ophtalmologistes étaient à bout de leur science. L’hémogram-me ne donnait aucune indication médicale supplémentaire pour expliquer mon cas. Pareillement pour les médecins géné-ralistes. J’ai donc entrepris des recherches approfondies sur internet où j’ai appris que le cannabis a aidé plusieurs personnes atopiques à soulager leurs problèmes de santé. J’ai décidé de l’essayer également. Depuis maintenant exactement deux ans, je n’ai plus eu d’épisclérite. Je fume du cannabis une fois par semaine, bien que je pense qu’une cigarette tous les quinze jours serait suffisante. Une fois, j’ai arrêté ma consommation de cannabis pendant trois mois et l’inflam-mation des yeux est apparue de nouveau. Mais cette fois, j’ai pu stopper rapidement le processus inflammatoire en fumant une cigarette de cannabis et en appliquant pendant toute une journée des gouttes d’inflaneran ».

Beaucoup d’études expérimentales ont démontré le potentiel anti-inflammatoire des cannabinoïdes. Des recherches ont en effet démontré que le THC exerce une influence sur la concentration des cytokines. Les cytokines sont des médiateurs intercellulaires sécrétés par des leucocytes spécifiques, les lymphocytes T. Elles jouent le rôle de messagers du système immunitaire dans le cas de certaines réactions allergiques et inflammatoires (Melamde, 2001). Le THC réduit la quantité de ces cytokines pro-inflammatoires, tels que le TNF-alpha et l’interféron-gamma en bloquant une sécrétion anormalement importante de la part des lymphocytes-T. Un taux trop important de ces cytokines est observé lors d’arthrites rhuma-toïdes et d’inflammations intestinales chroniques comme la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn. Il contribue ainsi au développement du processus inflammatoire. Comme il a déjà été souligné, le nombre de récepteurs cannabinoïdes augmente davantage dans un intestin enflammé que dans un intestin sain, afin de présenter plus de sites de liaison aux cannabinoïdes.

Des propriétés anti-inflammatoires du THC-COOH, l’un des principaux métabolites du THC, ont également été mises en évidence (Burstein, 2001). Son mécanisme d’action ressemble à celui de l’aspirine. Il bloque une enzyme appelée cyclooxygénase. Toutefois, l’action du THC-COOH est plus spécifique du fait qu’il n’inhibe pas toutes les formes de cyclooxygénases, mais uniquement celles qui provoquent l’inflammation. C’est la raison pour laquelle le THC-COOH n’entraîne pas les effets secondaires connus de l’aspirine, à savoir des lésions intestinales pouvant aller jusqu’aux saignements. Le THC est transformé en THC-COOH dans le foie. Celui-ci est donc un produit de dégradation biochimique du THC dont les traces peuvent être retrouvées dans l’urine après consommation de cannabis ou de THC. Des essais cliniques avec un produit de synthèse dérivé du THC-COOH, appelé CT-3 ou acide ajulémique, ont montré que cette substance réduit les inflammations et les douleurs chez des patients atteints d’arthrite (Karst, 2003).

À ce jour, il n’est pas encore prouvé que le THC ou d’autres cannabinoïdes puissent également offrir des bénéfices dans les traitements du processus inflammatoire chronique de la SEP. Actuellement (2009) une étude d’envergure sur trois ans est en cours en Angleterre pour évaluer l’influence du THC sur l’évolution de la maladie. Dans deux études menées en 2003 sur le modèle animal de la SEP, l’effet des cannabinoïdes a été étudié par rapport à l’activité inflammatoire et aux dys-fonctionnements neurologiques. Un groupe de travail espagnol a montré que, sur des animaux, plusieurs cannabinoïdes synthétiques, présentant des effets en partie similaires à ceux du THC, réduisent l’activité inflammatoire et les dysfonction-nements neurologiques à long terme (Arevalo-Martin, 2003). Un autre groupe de chercheurs de Chicago a rapporté une réduction des troubles neurologiques parallèlement à une baisse du nombre de cytokines pro-inflammatoires, tels que les TNF-alpha, les interleukine-1-beta et les interleukine-6 obtenue grâce aux cannabinoïdes (Croxford, 2003).

L’un des modèles animal de la sclérose en plaques est l’encéphalomyélite allergique expérimentale (EAE). En 1989, Lyman et al. ont publié une étude conduite sur des rats chez qui a été introduite artificiellement l’EAE. Ces animaux ont reçu du THC soit peu avant, soit peu après l’incubation de la maladie. Tous les animaux du groupe témoin ont développé, dans les dix à douze jours après l’incubation, une EAE sévère et 98 % d’entre eux en sont morts en l’espace de deux semaines. Par contre, les rats qui ont reçu un traitement à base de THC ont montré peu, voire aucun symptôme d’EAE et 95 % d’entre eux ont survécu aux tests. Plusieurs années après cette étude, une autre équipe de chercheurs a répété le protocole avec du delta-8-THC et a obtenu des résultats similaires (Wirguin, 1994). Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si les résultats issus du modèle animal peuvent s’appliquer à la forme humaine de la sclérose en plaques. Pour l’instant, mieux vaut rester prudent en ce qui concerne les attentes dans ce cas particulier.

Inflammations et allergies

Cannabis médical contre inflammations et allergies

Les actions du THC sur le système immunitaire sont extrêmement complexes et, à ce sujet, de nombreuses recherches sont actuellement en cours. En cas d’hyperactivité (ou hypersensibilité) du système immunitaire, les produits issus du cannabis peuvent jouer le rôle d’antagonistes. Aucune étude clinique chez l’homme n’est disponible à ce jour. Néanmoins, des témoignages de nombreux patients, souffrant de divers troubles immunologiques et chez qui les traitements à base de THC ont été bénéfiques, similaires à ceux observés dans la recherche fondamentale, sont présentés dans ce chapitre. Parmi ces troubles figurent l’asthme, la polyarthrite, la colite

ulcéreuse, la maladie de Crohn, les allergies aux poussières domestiques, le rhume des foins et la neurodermite. À cette liste, il faut ajouter la sclérose en plaques, du fait de l’action du cannabis sur le ralentissement du processus inflammatoire de la maladie.

Maladie d’Alzheimer

Maladie d’Alzheimer

Une deuxième étude, menée auprès de 9 patients d’une moyenne d’âge de 83 ans, a obtenu des résultats similaires. Elle a été présentée en mai 2003 lors du Congrès annuel de la Société américaine de gériatrie. Avant l’étude, tous les patients avaient maigri suite à la perte de l’appétit. Après le traitement à base de THC, tous avaient repris du poids.

Perte d’appétit

Cannabis et perte d’appétit et amaigrissement

Le manque d’appétit et la perte de poids qui en découle, sont des symptômes liés à de nombreuses maladies graves comme le cancer, le sida et l’hépatite C. L’amaigrissement marque une aggravation de la maladie et affaiblit l’état du patient. Ces raisons sont suffisantes pour agir, même indépendamment de la maladie principale.

Pour cela, divers mécanismes sont connus dans lesquels les cannabinoïdes peuvent être bénéfiques. Le système canna-binoïde endogène, localisé dans l’hypothalamus, fait partie du système cérébral fortement complexe qui contrôle l’appétit. Les leptines, hormones protéiques, jouent le rôle réducteur de l’appétit, contrairement à celui des endocannabinoïdes qui offre des effets stimulateurs de celui-ci. Les leptines sont libérées dans le tissu adipeux sous l’impulsion du gène responsable de l’obésité. Ces hormones jouent également un rôle important dans le trouble de l’obésité.

L’effet stimulateur de l’appétit observé avec les cannabinoïdes peut être expliqué en partie par le fait qu’ils offrent une meilleure perception du goût des aliments et, de ce fait, ces derniers seront consommés avec plus de plaisir. Au cours de nombreuses maladies, accompagnées d’une perte de l’appétit, un véritable sentiment de dégoût envers la nourriture est fréquemment ressenti par les patients. Il est donc intéressant de constater que de nombreux récepteurs cannabinoïdes se situent dans les intestins et que, lorsque la sensation de faim se manifeste, le nombre d’endocannabinoïdes augmente dans cette partie du corps. En revanche, après avoir mangé, la concentration d’endocannabinoïdes se normalise de nouveau. Cela signifie que de tels mécanismes périphériques participent également à la régulation des sensations physiologiques, comme la faim ou l’impression de satiété.

L’effet stimulateur du cannabis sur l’appétit est connu depuis longtemps. Ainsi, le pionnier des recherches sur l’usage médical du cannabis, l’écossais Sir W. O’Shaugnessy, a décrit « une augmentation spectaculaire de l’appétit » dans un ouvrage publié entre 1838 et 1840, comme un effet secondaire chez l’ensemble des patients ayant reçu un traitement à base de teinture de cannabis. Quant aux effets du cannabis dans le traitement des troubles gastro-intestinaux, ils ont été résumés en 1890 par le médecin français, le Dr G. See : « Le cannabis offre un effet constant de suppresseur de la douleur et de la reprise de l’appétit, peu importe la cause des troubles ».

Au début des années soixante-dix, les recherches sur les effets du cannabis se sont amplifiées en raison du phénomène croissant de consommation de cannabis parmi les adolescents et les jeunes adultes. Quelques-unes de ces études ont révélé également l’effet stimulateur sur l’appétit du cannabis et les chercheurs se sont mis à en rechercher les causes. Une étude a été réalisée sur l’action du cannabis sur la prise de poids et sur l’assimilation des calories chez deux types de consommateurs de cannabis, des consommateurs réguliers et des consom-mateurs occasionnels (Greenberg, 1976). Au sein des deux groupes, les observations ont révélé une prise de poids chez tous les sujets, notamment au cours des cinq premiers jours d’observation, sur une durée totale de vingt-et-un jours. Lors d’une étude menée sur vingt-cinq jours, une autre équipe de recherche a rapporté une meilleure assimilation des calories chez les consommateurs de cannabis, surtout lorsqu’ils prenaient de petites collations entre les repas et que les sujets se trouvaient dans un contexte social favorisant la consommation de cigarettes de cannabis.

Par ailleurs, de nombreux témoignages de consommateurs de cannabis soulignent que le goût des aliments et des boissons est meilleur sous l’influence du cannabis et que même la nourriture de tous les jours peut se transformer en véritable délice culinaire.

Certains auteurs pensaient que le THC du cannabis était à l’origine d’une baisse du taux de glycémie stimulant ainsi l’appétit. Une étude conduite il y a plus de cinquante ans auprès de 62 volontaires, a montré que le cannabis n’influençait pas de manière significative, le taux de glycémie (Allentuck, 1944). Parmi les personnes testées, 18 personnes n’ont enregistré qu’une faible baisse du taux de glycémie, 36 une légère augmentation et 8 autres aucune variation. Par conséquent, le mécanisme par lequel le cannabis augmente l’appétit n’est pas encore connu avec certitude. Il est néanmoins probable que le THC agisse au niveau des centres nerveux régulant le sentiment de faim et de satiété.

Une telle stimulation de l’appétit peut aussi être utilisée dans le traitement de diverses maladies. Dans le cas de cancers avancés, les besoins énergétiques, tout comme les exigences métaboliques, augmentés par la croissance des tumeurs, sont épuisants pour l’organisme. Les malades du sida souffrent plutôt d’un manque d’appétit qui est à l’origine de l’important amaigrissement. On parle alors du syndrome d’amaigrissement lié au sida, ou Aids-Wasting-Syndrom. Chez ces mêmes malades, on pourra également rechercher l’effet calmant exercé par le THC sur les nausées et les vomissements.

Nausées

Cannabis et maladies accompagnées de nausées

Comme la littérature ancienne et les expériences cliniques d’aujourd’hui le laisse suggérer, les produits issus du cannabis sont également bénéfiques dans le traitement des nausées et des vomissements provoqués par d’autres facteurs, comme les anesthésies générales. À ce sujet, aucune étude n’est encore disponible à ce jour. Néanmoins, il semble évident que l’efficacité des produits issus du cannabis dans le traitement des nausées dans le cadre d’une chimiothérapie ou dans celui de la prise de médicaments contre le sida, puisse également s’appliquer aux autres formes de nausées.

Le témoignage suivant, d’un patient qui a suivi un traitement à base d’interféron pendant quatorze mois, permet d’illustrer ce propos. L’interféron est une substance qui est également produite par l’organisme et qui exerce une fonction naturelle dans la régulation du système immunitaire. Les thérapies à base d’interféron sont utilisées pour traiter un certain nombre de maladies, comme la leucémie myéloïde chronique, l’hépatite C et la sclérose en plaques. « Au début de mon traitement, j’ai pris quotidiennement pendant plus de trois mois un médicament pour calmer mes nausées (Paspertin®), un autre médicament pour calmer mes douleurs au niveau des os et des articulations (Vioxx®) et un troisième médicament pour calmer ma dépression nerveuse (Zoloft®). Ensuite, pendant douze mois, j’ai pris du Dronabinol pour lutter contre les effets secondaires de l’interféron, et pendant un mois contre ceux de l’imatinib. Globalement, j’ai constaté que mon expérience avec le Dronabinol a été positive ».

VIH (sida)

Cannabis avec VIH/sida

En 2000, lors du cinquième Congrès sur les traitements médicamenteux des infections par le VIH, les résultats d’une étude traitant des effets secondaires liés à une thérapie anti-VIH ont été présentés. Dans cette étude écossaise (Glasgow), 85 % des patients qui, en plus de leur traitement antirétroviral, ont reçu du Dronabinol pour atténuer les nausées et les vomissements, ont vu diminuer de moitié l’intensité des leurs symptômes.

Les nausées et les vomissements figurent parmi les effets secondaires qui apparaissent fréquemment dus aux traitements antirétroviraux. Dans l’étude, les patients ont reçu des gélules de Marinol® contenant un mélange de Dronabinol synthétique dissout dans de l’huile de sésame. « Le Marinol® s’est révélé efficace contre les nausées pour les patients en cours de chimiothérapie. L’étude que nous vous présentons aujourd’hui révèle que le Marinol® peut également être bénéfique dans le traitement des nausées et des vomissements que présentent les personnes qui suivent un traitement anti-VIH. Il s’agit là d’une découverte de taille, car de nombreux patients ne prennent pas régulièrement les médicaments antirétroviraux afin d’éviter les effets secondaires, tels que les nausées ou les vomissements », a déclaré le directeur de l’étude, le professeur Roger Anderson de Pittsburgh (États-Unis), lors d’une conférence de presse.

Dans cette étude, 27 patients ont reçu au hasard soit une dose de 2,5 mg de Dronabinol deux fois par jour (une heure avant la prise du médicament antirétroviral), soit une dose unique de 5 mg de Dronabinol par jour (avant d’aller se coucher). Une amélioration de plus de 50 % de l’intensité des symptômes (nausées et vomissements) a été observée par 93 % des patients ayant reçu deux doses quotidiennes et par 77 % des patients qui ayant reçu une dose unique le soir. L’intensité des nausées a été atténuée chez 96 % des patients.

 

Chimiothérapie

Cannabis pendant chimiothérapie anticancéreuse

Chaque année, on enregistre près de 300 000 nouveaux cas de cancer en Allemagne. Environ un patient sur trois reçoit un traitement par chimiothérapie. Cette forme moderne de médication permet de soigner un grand nombre de patients. Aujourd’hui, près de 80 % des personnes souffrant d’un cancer des ganglions lymphatiques peuvent ainsi retrouver une durée de vie normale, principalement grâce aux médicaments anticancéreux très efficaces. Cependant, il existe d’autres types de cancer, comme le cancer de l’estomac ou du rein, qui répondent très mal aux traitements par chimiothérapie.

Sous le terme de chimiothérapie anticancéreuse, il faut com-prendre un traitement à base de diverses substances chimiques, des cytostatiques, qui ont pour effet de détruire les cellules cancéreuses, voire de bloquer leur croissance. Le traitement à base de cytostatiques se pratique le plus souvent de manière cyclique, c’est-à-dire qu’une phase de traitement de durée variable est toujours suivie d’une phase sans traitement, afin que l’organisme puisse récupérer. Ainsi, plusieurs de ces cycles sont conduits d’une façon suivie, de sorte qu’une chimio-thérapie anticancéreuse dure plusieurs mois.

Les principales réactions d’intolérance aux cytostatiques sont les nausées et les vomissements, la fatigue, l’inflammation des muqueuses, la perte des cheveux et les affections de la moelle osseuse.

Lors d’un cycle de chimiothérapie, les vomissements, et les crampes musculaires qui les accompagnent, peuvent atteindre une intensité à peine supportable par le patient pendant plusieurs jours. Il y a peu de temps encore, il n’était pas rare de devoir arrêter un traitement, pourtant prometteur, à cause d’effets secondaires intolérables. Certaines personnes se sont demandées s’il était humain de soumettre des patients à de telles souffrances. Tragiquement, le peu de maîtrise de ces effets secondaires violents a provoqué le décès de plusieurs patients.

Au début des années soixante-dix, quelques consommateurs de cannabis ont observé par hasard que le cannabis leur permettait de réduire les effets indésirables provoqués par la chimio-thérapie anticancéreuse. C’est ce qui a incité des chercheurs à tester le cannabis pour une telle indication. Pour ce faire, ils ont utilisé principalement des cannabinoïdes purs, dont le THC et deux cannabinoïdes synthétiques, le nabilone et le lévo-nantradol.

En 1975, des médecins de Boston ont publié pour la première fois les résultats d’une étude menée en double aveugle. Dans cette étude, 22 patients atteints d’un cancer qui n’ont pas pu être suffisamment soulagés par les médicaments antiémétiques habituels, ont reçu un traitement à base de THC (Sallan, 1975). Les résultats ont pu être exploités pour 20 de ces patients. L’action du THC a été décrite comme étant très efficace pendant près de 35 % du temps de la chimiothérapie et moyennement efficace pendant environ 45 % des cycles. Cela correspond globalement à un taux de réactions positives d’environ 80 %. En revanche, aucun effet n’a pu être observé sur les 20 % du temps restant. En outre, l’efficacité du traite-ment à base de THC était fortement liée aux modifications psychiques, caractéristiques du cannabis. Pour les patients chez qui aucun effet psychique n’a pu être observé, le traitement pour calmer les nausées a également été moins efficace. Selon les chercheurs cela était dû à une plus faible absorption du THC dans les intestins.

Au cours des vingt années suivantes, une quinzaine d’études ont été menées sur le THC (Dronabinol), une vingtaine sur le nabilone, une dizaine sur le lévonantradol et une sur le delta-8-THC, une substance proche du delta-9-THC. Globalement, ces recherches ont permis de mettre en évidence l’efficacité des traitements à base de THC pour atténuer les nausées chez les patients qui suivent une chimiothérapie anticancéreuse. Dans les essais avec le Dronabinol, les doses variaient entre 7,5 et 20 mg par prise, renouvelées en moyenne tous les quatre heures. La plupart du temps, le traitement était administré quelques heures avant la chimiothérapie, et était maintenu tout au long du temps de la chimiothérapie. Des effets secondaires ont été enregistrés fréquemment comme de l’euphorie, des vertiges, une sédation et des baisses de tension artérielle. Certains patients ont également témoigné d’hallucinations et de sensations désa-gréables voire angoissantes.

Aux États-Unis, entre les années soixante-dix et quatre-vingts, des études ont également été conduites avec du cannabis fumé, dont certaines avaient pour objet de comparer l’effet du cannabis naturel à celui du THC synthétique. En 1977, Lynn Pierson, un étudiant âgé de 26 ans, atteint d’un cancer du poumon, a été entendu par les parlementaires de l’État du Nouveau-Mexique, ouvrant ainsi le débat sur l’utilisation médicale du cannabis dans le traitement des effets indésirables de celles-ci. Après avoir mené une enquête publique auprès de patients et de médecins sur l’utilisation médicale du cannabis, le Congrès du Nouveau-Mexique a voté en février 1978 en faveur de la première loi reconnaissant la valeur thérapeutique du cannabis. Suite à cette loi, les patients souffrant d’un cancer ont pu utiliser du cannabis en toute légalité en cas d’efficacité insuffisante des médicaments antiémétiques conventionnels.

Dans l’État du Nouveau-Mexique, le programme de recherche Lynn-Pierson a été mis en place, ayant pour objet de comparer les effets thérapeutiques du cannabis à ceux du THC. Ainsi, entre 1979 et 1986, 256 hommes et femmes, âgés de 18 à 77 ans, tous atteints d’un cancer, ont participé à l’étude. Lors de leur chimiothérapie, les patients étaient autorisés à fumer des cigarettes de cannabis contenant un taux de THC dosé au préalable. Dans le cas où il leur était impossible de fumer, ou qu’ils ne le souhaitaient pas, ils pouvaient recevoir du Dronabinol (THC) sous forme de gélules. L’intensité moyenne des nausées, représentée sur une échelle de 1 (pas de nausée) à 5 (fortes nausées), a été réduite de 4,5 à 2 grâce à l’effet bénéfique du cannabis ou du THC. Sur la même échelle, l’intensité moyenne des vomissements a été réduite de 4,3 à 1,7. Suite à cette première étude et à l’efficacité constatée, près de 95 % des participants ont souhaité poursuivre le traitement à base de cannabis.

Il fallut peu de temps pour que cinq autres États américains (New York, Michigan, Géorgie, Tennessee et Californie) annoncent des programmes de recherche similaires. Ce n’est qu’en 2001, que le professeur Richard Musty et sa collabo-ratrice le Dr Rita Rossi, de l’université du Vermont, ont publié une synthèse exhaustive de l’ensemble de ces programmes de recherche. Au total, près de 1100 patients y ont participé. Parmi eux, 748 personnes ont inhalé du cannabis et 345 ont pris des gélules à base de THC.

Dans les études comparatives entre l’inhalation de cannabis et l’absorption orale de gélules de Dronabinol, le cannabis fumé s’est avéré aussi bénéfique, voire plus efficace que les gélules de Dronabinol. Les critères de participation à l’étude incluaient que les patients n’aient jamais utilisé d’autres médicaments conventionnels, comme les cytostatiques connus pour leurs effets secondaires fortement émétiques. Dans la plupart des cas, les traitements à base de THC ou de cannabis ont donné des résultats satisfaisants, voire très satisfaisants. Le niveau de réaction positive approchait les 80 %. Les effets secondaires étaient relativement fréquents, mais faibles. Ainsi, dans l’étude conduite dans le Tennessee, les effets secondaires des traitements à base de cannabis ont été évalués comme faibles par 85 % des patients, comme moyens par 11 % et comme importants pour seulement 3 % d’entre eux.

Au cours des dernières années, les cannabinoïdes ont perdu en importance dans le traitement des nausées liées à une thérapie anticancéreuse. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, de nouveaux médicaments, très efficaces en association avec les traitements anticancéreux, ont été introduits. Il s’agit d’antagonistes à la sérotonine de type 5HT3, tels que l’ondansétron et le tropisétron. Ces antagonistes sont souvent efficaces. Dans beaucoup de cas, ils sont même plus bénéfiques que les produits naturels issus du cannabis. Cependant, un certain nombre de patients ne sont pas suffisamment satisfaits de ces nouveaux antagonistes pour atténuer leurs nausées. Parmi eux se trouvent des personnes qui pourraient être traitées avec des produits à base de cannabis. Par ailleurs, des résultats indiquent que le THC pourrait être utilisé en combinaison avec d’autres médicaments antiémiques en vue de retarder l’apparition des nausées (Meiri, 2007).

En 1995, Alexander Remmele, fondateur d’une association d’aide aux malades pour l’utilisation médicale du cannabis à Berlin, décédé en 1997 à la suite d’une forme maligne de cancer des ganglions lymphatiques, nous a laissé son témoignage : « Depuis bientôt deux ans, j’utilise de manière régulière du cannabis pour combattre d’une part les effets secondaires de la chimiothérapie comme les nausées, la perte d’appétit et les vomissements, et, d’autre part, pour stabiliser, voire améliorer mon état psychique. Mon expérience en tant que consommateur régulier de cannabis date d’il y a dix ans déjà. À cette époque, le haschich et le cannabis n’étaient alors pour moi que des drogues psychotropes, utilisées à des fins récréatives. Au début de ma maladie, je n’ai rien changé à mes habitudes. J’ai continué à fumer des joints de temps à autre et j’avoue qu’à chaque fois, après avoir consommé, je me suis senti mieux. Aujourd’hui, par contre, je me pose davantage de questions quant à ma consommation régulière de cannabis et aux risques potentiels qu’elle présente pour ma santé. J’ai l’impression que la campagne diffamatoire contre le cannabis, menée depuis plusieurs décennies, qui représente le cannabis comme une drogue créant une forte dépendance favorisant la descente infernale vers les drogues dures, ait laissé des traces malgré mes propres expériences contraires. Pourtant, même l’attitude de mes parents a évolué depuis : jadis du côté de l’ennemi pur et dur, ils sont passés du côté des partisans pour un débat rationnel sur l’utilisation médicale du cannabis. Mes parents ont remarqué que, dans mon cas, la consommation de cannabis a apporté une grande amélioration au niveau de ma qualité de vie de malade ».

Syndrome de l’intestin irritable

Cannabis avec le syndrome de l’intestin irritable

Le syndrome de l’intestin irritable, ou du colon irritable, est caractérisé par une fragilité du gros intestin face à divers effets nocifs, souvent liés à une inflammation de ce dernier. Le syndrome se traduit par des troubles fonctionnels du gros intestin, résistants à tout traitement, qui sont accompagnés de douleurs spasmodiques, de sensations de ventre plein, de gargouillements, de flatulences, de selles irrégulières où diarrhées et constipation se succèdent. « Il y a six mois, j’ai essayé pour la première fois du cannabis. Les diarrhées et les nausées ont cessé immédiatement. L’idée de faire cette expérience m’est venue parce que j’avais entendu dire que le cannabis était efficace dans le traitement des nausées et des vomissements liés aux chimiothérapies contre le cancer. Depuis, j’en utilise chaque fois que les crampes et les nausées commencent à se manifester », a témoigné une patiente souffrant du syndrome.

Bien que les produits issus du cannabis soient légèrement constipants, ils peuvent également être bénéfiques dans le cas de la constipation liée au syndrome de l’intestin irritable. C’est ce qu’un patient âgé de 36 ans a constaté: « Je souffre de constipation chronique, ce qui préoccupe mon esprit du matin au soir. Plus je suis constipé, plus je deviens angoissé et plus je suis angoissé, plus je deviens constipé. C’est un véritable cercle infernal. Quand je consomme du cannabis, je me sens tellement soulagé, que j’ai parfois envie de crier de joie. Mon estomac se décontracte et j’ai l’impression que mes intestins s’assouplissent également ».

Diarrhée

Cannabis et diarrhée

Le THC, tout comme les autres cannabinoïdes qui se lient aux récepteurs CB1, ne bloque pas seulement la production de suc gastrique. Il bloque aussi celle d’autres sucs produits dans les intestins. Il réduit également l’intensité des contractions musculaires du colon (Shook, 1989), ayant pour effet de ralentir le transit intestinal. Dans le traitement des diarrhées, les deux actions sont recherchées.

Dans une étude, des scientifiques italiens de l’université de Naples, ont administré de l’huile de croton (croton tiglium) à des souris afin de leur provoquer des diarrhées et des inflammations intestinales (Izzo, 2001). Dans cette étude, les cannabinoïdes ont réduit de manière significative l’intensité des diarrhées. En effet, après l’administration de l’huile de croton, la concentration des endocannabinoïdes et des récepteurs cannabinoïdes dans l’intestin des animaux a augmenté de façon remarquable. Les scientifiques ont conclu que, dans le cas où l’intestin était enflammé, le traitement à base de cannabinoïdes était plus efficace que dans le cas d’un intestin sain où l’effet n’était que faible et ne s’exerçait que sur les contractions musculaires.

Comme ici au niveau des intestins, on observe très fréquemment que les effets des cannabinoïdes s’exercent de manière plus marquée chez les sujets malades que chez les personnes en bonne santé. Cela est aussi valable pour le traitement des douleurs (Siegling, 2001), de la sclérose en plaques (Baker, 2001), de la sous-alimentation (Di Marzo, 2001) et des nausées (Darmani, 2001). De toute évidence, lorsque l’organisme cherche à se défendre contre une maladie, il augmente le nombre de récepteurs aux cannabinoïdes ou la concentration d’endocannabinoïdes dans certaines régions du cerveau ou du système nerveux. Cette réaction permet aux cannabinoïdes d’être plus efficaces, car elle leur offre un plus grand nombre de sites de liaison sur lesquels se fixer. Dans les cas de douleurs chroniques, l’augmentation des récepteurs et des endocannabinoïdes concerne par exemple les centres nerveux situés dans le cerveau ainsi que dans la moelle épinière.

Brûlures d’estomac

Cannabis et ulcère gastroduodénal et brûlures d’estomac

En 1999, des scientifiques italiens ont évalué l’action stimulatrice des cannabinoïdes sur la production de suc gastrique. Pour cela, des rats ont reçu de la pentagastrine comme stimulus. Certains de ces animaux ont reçu en plus le cannabinoïde WIN55,212. Cette molécule se fixe aux récepteurs CB1 de la même manière que le THC. Les cher-cheurs ont observé que le cannabinoïde a réduit de 80 % la production de suc gastrique stimulée artificiellement, une réaction qui ne se produit pas sur la sécrétion naturelle ou non stimulée. Cela signifie que le THC et le cannabis peuvent empêcher une production trop importante de suc gastrique, comme c’est le cas lors de brûlures ou d’ulcères de l’estomac.

Les brûlures d’estomac sont, entre autres, un symptôme de reflux gastrique. Il s’agit de renvois de suc gastrique vers l’œsophage déclenchant ainsi une inflammation chronique et des douleurs en bas de la poitrine. Ce reflux est fréquent lorsque le muscle constricteur entre l’estomac et l’œsophage ne fonctionne pas correctement. Il est conseillé aux patients souffrant de brûlures d’estomac d’éviter les aliments qui stimulent la production de suc gastrique, comme l’alcool, le chocolat ou le tabac. La plupart des traitements médicamenteux sont à base de substances qui inhibent la production d’acides gastriques ou qui les neutralisent. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est réalisée afin d’améliorer la fonction du muscle constricteur.

En 1978, Sofia et al. ont mené des essais sur des rats afin de tester l’efficacité du THC dans le traitement d’ulcères de l’estomac. Lors de ces tests, le THC a effectivement réduit la formation de l’ulcère, mais son efficacité a été moins importante que celle obtenue avec des médicaments utilisés spécialement à cet effet.

Troubles gastro

Cannabis et troubles gastro-intestinaux

Les produits naturels issus du cannabis exercent de nombreuses actions bénéfiques et fortement utiles dans le traitement des troubles gastro-intestinaux. Parmi ces actions figurent la stimulation de l’appétit, la réduction des nausées et des vomissements, l’atténuation des contractions musculaires de l’estomac et de l’intestin ainsi que la diminution de la production d’acides et d’autres sécrétions gastriques. Par ailleurs, de nombreux récepteurs cannabinoïdes et canna-binoïdes endogènes sont situés dans l’appareil gastro-intestinal.

L’utilisation de produits à base de cannabis peut être efficace, non seulement dans le traitement des nausées et de la perte d’appétit, domaine d’application médical courant du Dronabinol (THC), mais également dans le traitement de divers autres troubles comme des ulcères ou des brûlures d’estomac (troubles du reflux gastro-œsophagien), le syndrome de l’intestin irritable, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, colites ulcéreuses) et les diarrhées.

Les troubles comme les nausées, les vomissements et la perte d’appétit sont traités dans un chapitre à part. Les maladies inflammatoires chroniques figurent dans le paragraphe traitant des inflammations.

Douleurs physiques

Cannabis et douleurs physiques

En Allemagne, 5 à 7 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques. Parmi elles, entre 500 000 et 650 000 présentent des douleurs complexes et difficiles à traiter. Au moins un patient sur deux ne dispose pas d’assez de moyens de traitement antidouleur. Souvent, on remarque que les patients développent une résistance, voire une tolérance, aux antalgiques habituels. Par conséquent, le recours à d’autres médicaments devient impératif.

Les produits issus du cannabis sont utilisés dans le traitement de multiples douleurs. Bien que les opiacés, comme la morphine et le tramadol, soient des antidouleurs plus puissants, dans certains cas le cannabis et le Dronabinol sont plus efficaces. Toutefois, il convient d’ajouter que leur effet thérapeutique reste relati-vement imprévisible. Cela signifie que l’on ne sait souvent pas pourquoi le Dronabinol présente un effet thérapeutique chez un patient et pas chez un autre. Je peux également témoigner personnellement de plusieurs cas de patients souffrant de fibro-myalgie, dont certains ont pu profiter de l’effet thérapeutique du cannabis, tandis que d’autres non.

En 2001, l’Association allemande pour le Cannabis Médical a réalisé une enquête auprès de ses membres. Elle a montré que les produits dérivés de cannabis et le Dronabinol ont été utilisés avec succès dans le traitement des maladies suivantes (Grotenhermen, 2003) :

* arthrose/arthrite
* hernie discale
* bébé thalidomide
* fibromyalgie
* sensibilité aux agresseurs chimiques (MCS multiple chemical sensitivity)
* règles douloureuses
* migraine et autres céphalées
* affaiblissement musculaire (maladie de Werdnig-Hoffmann)
* névralgie
* neurofibromatose
* lésion du plexus brachial
* douleur postsozerienne
* douleur thalamique
* hernie hiatale
* lumbago

 

Parmi les participants à cette enquête, près d’une personne sur quatre utilise du cannabis dans le cadre d’un traitement de la douleur. Aux États-Unis, des enquêtes similaires menées auprès de plusieurs milliers d’utilisateurs de cannabis ont démontré que le traitement des douleurs chroniques comptait parmi les principales causes d’usage médical du cannabis (Gieringer, 2001).

Dans les années soixante-dix, une étude conduite aux États-Unis a révélé que chez 36 patients atteints de cancer, l’administration de 10 et de 20 mg de Dronabinol (THC) a été aussi efficace contre les douleurs liées à la maladie que l’administration de 60 et de 120 mg de codéine (Noyes, 1975). Le Dronabinol en tant qu’antalgique moins puissant, s’est donc avéré tout aussi bénéfique. Toutefois, en ce qui concerne l’état psychologique de certains patients, des effets secondaires, tels qu’apaisement, euphorie et angoisse ont été constatés. Les auteurs de cette enquête pensent qu’une association du THC avec d’autres antalgiques pourrait offrir davantage de résultats thérapeutiques.

Des essais sur animaux ont également mis en lumière qu’une interaction entre opiacés et THC augmente le bénéfice thérapeutique. En Grande-Bretagne, dans une étude de cas individuel, un patient souffrant de douleurs abdominales aigues, induites par la fièvre méditerranéenne, a pu réduire la dose de morphine en prenant, réparties sur la journée, cinq gélules d’extrait de cannabis dosées à 10 mg de THC (Holdcroft, 1997). En plus du THC, l’extrait contenait du CBD (cannabidiol) et du CBN (cannabinol). En 2003, la revue spécialisée Journal of Pain and Symptom Management a publié des résultats similaires issus d’études conduites au Canada (Lynch, 2003).

De nombreux patients témoignent que le cannabis leur est bénéfique pour atténuer les neuropathies, c’est-à-dire les douleurs induites par une lésion nerveuse. Cette lésion peut avoir diverses causes, par exemple une maladie métabolique (comme le diabète sucré), un traitement médicamenteux, un traumatisme subi lors d’un accident ou bien d’autres encore. Dans une étude pilote dirigée par le professeur Donald Abrams de l’université de Californie, 16 patients atteints de neuropathies liées à une infection VIH ont reçu soit du cannabis, soit un placebo. Pour 3 de ces patients, les problèmes neurologiques étaient dus à la maladie elle-même, pour 8 autres au traitement antiviral et pour les 5 patients restant, probablement des deux à la fois. Une atténuation de plus de 30 % de la douleur a pu être enregistrée par 10 patients sur les 16 personnes participant au test (Abrams, 2003).

Un médecin spécialiste de la douleur de Thüringen (Allemagne) m’a rapporté le cas d’un homme âgé de 62 ans chez qui l’interaction d’opiacés et de THC a été très bénéfique. Le THC a permis de réduire les effets secondaires indésirables des opiacés. Le patient souffrait d’une neuropathie du nerf honteux interne (probablement suite à une intervention chirurgicale sur une tumeur du gros intestin) provoquant des douleurs insup-portables au niveau des intestins ainsi que des sensations désagréables dans les cuisses. Suite à l’opération, le patient était suivi dans un centre antidouleur avec des traitements à base d’opiacés (morphine et Durogesic®) et divers autres médi-caments (Saroten®, Katadolon®, Celebrex® et des infusions à base de procaïne). Les opiacés lui déclenchaient de fortes nausées et il a fallu diminuer leur dosage ce qui, par conséquent, a de nouveau augmenté l’intensité des douleurs. Pour cette raison, le recours au Dronabinol a été très utile. En fin de traitement, le dosage correspondait à 30 mg de Dronabinol en deux prises quotidiennes. Après la disparition des nausées, l’administration de Durogesic® a pu être augmentée de nouveau. Quand le patient a quitté le centre, il ne souffrait plus que de douleurs légères et supportables.

À Berlin, une patiente qui souffrait de fortes douleurs provo-quées par un cancer des os (plasmocytome) a évoqué les multiples effets bénéfiques et complémentaires du cannabis par rapport à sa maladie. « Je consomme du cannabis de la même manière que la morphine. Je sais que j’ai besoin des deux : la morphine calme les douleurs de mes os et le cannabis aide à relaxer le raidissement des muscles provoqué par la douleur. Le cannabis permet de réduire, voire même de supprimer, les antalgiques, tels que Novalgine® et proxène, que je prends en plus de la morphine. En revanche, je ne peux pas modifier aussi facilement le dosage de la morphine, parce que cela me provoquerait des symptômes de manque. La maladie, dont je suis atteinte, évolue constamment sans pouvoir réellement l’en empêcher. Pendant les phases de traitement par chimiothérapie et rayons, mon système immunitaire est effondré et ma vie ne tient plus qu’à un fil. L’état dépressif qui s’installe alors ressemble à une véritable crise existentielle. C’est grâce au cannabis que j’aperçois la sortie du tunnel, que s’installe en moi une vision optimiste de la vie et que je retrouve ma bonne humeur. N’étant pas spécialiste en matière de drogues, je me suis laissée dire que le risque d’accoutumance était élevé et que d’importants effets secondaires pouvaient apparaître. Mon expérience personnelle est toute autre. Tout ce que je peux dire est qu’aujourd’hui, sans consommation de cannabis, je n’aurais plus que la peau sur les os, tellement le traitement à base de morphine, en plus de la maladie, me coupe l’appétit. Le cannabis m’aide à retrouver l’envie et le plaisir de manger un peu. Un avenir sans cannabis m’est devenu inimaginable ».

Taux moyen d’atténuation de la douleur suite à l’administration de THC, de codéine ou d’un placebo chez des patients souffrant de douleurs liées au cancer. (Extrait : Noyes et al. ,Clinical Pharmacology and Therapeutics 1975 ; 18 : 84-89)  

En 2001, des médecins du service antidouleur du CHU de Cologne (Allemagne) ont publié les premiers résultats sur l’application médicale du Dronabinol chez 6 patients souffrant de douleurs (Elsner, 2001). Jusqu’alors, aucun traitement n’avait pu les soulager suffisamment, ni opiacés, ni d’autres antalgiques puissants. Sur 3 des 6 patients, le Dronabinol à un dosage de 2,5 à 10 mg par jour a eu pour résultat « l’atténuation satisfaisante de la douleur ». Parmi les 3 patients chez qui le traitement à base de Dronabinol a été appliqué avec succès, une personne souffrait de paraplégie traumatique. Dans son cas précis, une première administration de 5 mg de THC est restée, outre la fatigue, sans effet apaisant. Après une augmentation du dosage à 10 mg de THC par jour, une réduction des douleurs a pu être constatée pour la première fois. Cet effet s’est prolongé tout au long des dix mois du temps d’observation. Quant à l’effet de fatigue, il a disparu au cours du traitement. Pour les 2 autres patients, souffrant de douleurs liées à un traumatisme médullaire, un dosage de 2,5 et de 5 mg de THC par jour a été suffisant pour atténuer les douleurs. En plus du Dronabinol, un des patients a reçu un médicament pour relaxer les muscles (baclofène). Le Dronabinol n’a pas montré d’effet bénéfique sur les 3 autres patients, dont l’un souffrait de douleurs cuisantes chroniques du côté droit de la tête, un autre souffrait de douleurs cuisantes neuropathiques au niveau de l’appareil génito-urinaire et rectal, et le troisième , paraplégique, souffrait depuis cinq ans de vives douleurs chroniques. Chez ce dernier patient, l’administration de 5 à 15 mg de THC par jour avait, dans un premier temps, atténué les douleurs et amélioré l’humeur. Mais cet effet positif s’est estompé au bout de deux mois de traitement.

Un homme âgé de 37 ans a témoigné de ses douleurs du membre fantôme dont il souffrait depuis vingt ans, suite à l’amputation d’une jambe. Selon lui, en dehors du cannabis, aucun médicament n’a pu calmer ses douleurs de manière satisfaisante. « J’ai le sentiment qu’un couteau est planté dans mon mollet, que mon muscle est entaillé violemment du haut vers le bas et qu’on m’arrache les ongles des orteils. (…). Quant aux différents modes d’utilisation du cannabis, j’aimerais ajouter que, dans mon cas, c’est le cannabis fumé qui est le plus efficace. Premièrement, parce que les effets thérapeutiques sont très rapides, facteur essentiel pour combattre la douleur, et deuxièmement, parce que c’est ainsi que je sais le mieux doser. Troisièmement, je constate une sorte d’effet à retardement qui me permet, le lendemain, de passer une journée quasiment sans douleur. D’ailleurs, je tiens à préciser qu’avant l’amputation je n’avais jamais utilisé de cannabis. Je répartis le dosage de l’ordre de 2 g par jour, en 3 à 6 joints par jour. C’est au cours de trois à cinq mois de traitement que ce dosage s’est révélé le plus efficace. Des effets secondaires sous forme de fortes transpirations pendant la nuit, sont apparus pendant les deux et trois premières années. En revanche, depuis le début, l’effet antalgique du cannabis est resté constant. »

L’exemple suivant montre parfaitement les problèmes et les conséquences de l’illégalité en matière d’utilisation de cannabis à usage médical. En octobre 1995 à Berlin, lors du premier symposium allemand sur le potentiel thérapeutique du cannabis, le Dr Andreas Ernst, spécialiste de la douleur, a relaté le cas d’un homme de 30 ans, paraplégique à la suite de blessures au niveau de la colonne vertébrale et de la moelle épinière contractées pendant une opération militaire dans son pays natal. Ce patient souffrait de fortes douleurs et de spasmes dans les jambes. « Ce patient a reçu tous les traitements médicamen-teux possibles, allant des anticonvulsivants à la morphine par voie orale. Même à un dosage faible de la morphine orale, il a réagi par une intolérance. Nous avons donc commencé par lui injecter des opiacés (morphine) à faible dose directement dans le canal rachidien. Ainsi, pour la première fois, ses douleurs ont disparu pendant quelque temps. C’est pourquoi nous avons procédé à l’implantation d’une pompe auto-stimulante avec un cathéter vers la moelle épinière. Actuellement, il reçoit de la morphine à un dosage de 10 mg par jour avec ce moyen. Or, depuis six mois (il suit ce traitement depuis près de deux ans), il nous parle d’apparitions de plus en plus fortes de spasmes sévères, auxquels quasiment aucune thérapie ne peut répondre. Je lui ai demandé ce qu’il faisait alors pour supporter de telles douleurs. Avec un sourire malicieux il m’a répondu qu’il fumait du haschich, une pratique courante dans son pays d’origine. Ainsi, il se sentait bien pendant plus d’une demi-journée. Mais souvent, vers le soir, il fallait encore fumer pour se débarrasser à nouveau de la douleur. Lors d’une autre consultation, il a reparlé de ses douleurs insupportables. Alors, je lui ai demandé pourquoi il ne fumait plus de haschich ? Il m’a raconté qu’il y a peu de temps, une perquisition avait eu lieu chez lui parce qu’il était soupçonné de trafic de cannabis, ce qui, à mon avis, doit être plutôt difficile pour quelqu’un qui est cloué dans un fauteuil roulant ».

Céphalées

Cannabis et Céphalées

Une autre application des produits dérivés du cannabis peut être le traitement de la migraine et d’autres types de céphalées, dont la céphalée vasculaire de Horton. Cependant, en ce qui concerne cette dernière, il convient d’ajouter qu’aucune étude clinique n’est disponible à ce jour, bien que de nombreux patients tirent profit des effets du cannabis. La migraine se caractérise par une douleur intense n’affectant souvent qu’un seul côté et qui persiste pendant des heures, voire des jours. Elle peut être accompagnée de troubles de la vision, de nausées et de vomissements. Chez de nombreuses personnes souffrant de migraines, les crises s’annoncent par des signes précurseurs, appelés également aura. C’est surtout grâce à des témoignages du XIXe siècle que nous savons que l’utilisation du cannabis est très efficace dans le traitement de la migraine, notamment quand il s’agit d’empêcher une crise dès l’apparition des premiers signes. « Avant la découverte de l’antipyrine et de ses équivalents, c’étaient la teinture de gelsemium et la teinture d’extraits de cannabis qui étaient les remèdes les plus efficaces pour traiter la migraine », a décrit le professeur Hobart Amory Hare dans un manuel paru au début du XXe siècle (Hare, 1922).

Dans une étude conduite en 1985, Volfe et al. ont démontré que le THC empêchait la libération de la sérotonine des plaquettes sanguines chez un patient en pleine crise de migraine. En revanche, en dehors des crises, aucune présence d’antagoniste de la sérotonine n’a pu être relevée. L’équipe a donc supposé que le cannabis, en plus de son effet analgésique, pouvait être bénéfique dans le traitement des migraines. Chez 60 à 85 % des patients atteints, une libération anormale de la sérotonine a été observée. A cela s’ajoute la propriété antiémétique du cannabis, également très bénéfique dans de nombreux cas. Le témoignage suivant m’a été envoyé par une personne souffrant de migraines. « Depuis mon enfance, je souffre de crises migrai-neuses avec aura, sans autre symptôme particulier. (…) À l’âge de 18 ans, j’ai fumé pour la première fois du cannabis. Pour tester si l’état de relaxation alors ressenti pouvait se reproduire lors d’une de mes crises, j’ai fumé au moment où une forte crise migraineuse s’annonçait. Au bout de la troisième inhalation, un léger affaiblissement de l’aura et du phénomène lumineux s’est produit, bien que d’habitude ces deux signes persistent parfois au-delà des maux de tête. Au bout d’une heure, j’ai remarqué que la crise était nettement moins intense. Comparée aux crises habituelles d’environ dix heures, celle-ci n’a duré que quelques heures. Quel miracle! Je suis sceptique de nature et je ne crois pas aux miracles ! Alors j’ai essayé de renouveler l’expérience. Aujourd’hui, c’est-à-dire quelques années plus tard, je peux affirmer que le cannabis diminue non seulement l’intensité mais aussi la durée de mes accès migraineux. Je consomme régulièrement du cannabis en fin de journée et depuis deux, voire trois années, la fréquence des crises migraineuses a diminué de plus de la moitié. Par contre, lorsque j’ai interrompu pendant six mois mon traitement avec le cannabis, les crises se sont à nouveau amplifiées ».

Épilepsie

Cannabis et Épilepsie

Les cannabinoïdes endogènes, ou endocannabinoïdes, semblent jouer un rôle dans l’inhibition naturelle des crampes musculaires. C’est ce qu’ont suggéré les résultats d’une étude sur animaux (Wallace, 2002). Cette étude a révélé que, dans le modèle animal (souris) de l’épilepsie, les endocannabinoïdes étaient des substances fortement efficaces pour inhiber les contractions musculaires. De plus, en cas d’inhibition des récepteurs cannabinoïdes, la fréquence d’apparition des crises augmentait de nouveau.

L’épilepsie figure parmi les plus anciennes utilisations théra-peutiques des produits naturels du cannabis. Aujourd’hui, certains patients utilisent du cannabis avec succès pour traiter leurs crises d’épilepsie, bien que les résultats issus de la recherche soient toujours insuffisants. Quelques études ont rapporté que le cannabidiol (CBD), à une posologie de 200 à 1200 mg, avait un effet réducteur de la fréquence des crises, bien que les résultats restent parfois contradictoires (Trembly, 1992 ; Cunha, 1980). Dans un résumé sur les effets des drogues et de l’alcool dans le cas de l’épilepsie, il est écrit que « quelques références sont disponibles sur les effets anti-épileptiques du cannabis et de ses principes actifs, les cannabinoïdes. Mais il est possible qu’ils n’agissent que spécifiquement dans le cas de crises partielles ou toniques-cloniques ». (Gordon, 2001).

Le professeur Paul Consroe et son équipe ont rapporté le cas d’un jeune homme de 24 ans, atteint d’une épilepsie généralisée, et qui, malgré un traitement avec des médicaments conventionnels (phénobarbital et diphényl-hydantoïne), n’arri-vait pas à contrôler sa maladie (Consroe, 1975). L’inhalation complémentaire de cannabis a apporté des résultats satisfaisants quant à la réduction des crises. En 1994, Grinspoon et Bakalar ont également relaté le cas de 2 épileptiques, dont un homme âgé de 53 ans. Ce dernier arrivait à contrôler sa maladie généralisée uniquement grâce à plusieurs médicaments (phénytoïne, primidone, phénobarbital), au prix d’effets secondaires sévères le conduisant à de fortes dépressions. En 1976, cet homme a suivi le conseil d’essayer un traitement à base de cannabis, ce qui lui a permis de diviser par deux ses doses de médicaments. Il a pu ainsi diminuer considérablement les effets secondaires indésirables et en même temps la fréquence des crises.

En 1997, au Canada, un juge du Tribunal de Toronto a accordé à un patient, Terence Parker, le droit d’utiliser légalement du cannabis à des fins thérapeutiques. Ce patient, alors âgé de 42 ans, souffrait d’épilepsie. Il a lutté pendant vingt ans pour l’utilisation du cannabis. En 2002, en Italie, un juge de Rome avait reconnu le même droit à un épileptique de 44 ans, lui permettant ainsi de diminuer significativement les fortes doses de son traitement initial à base de barbituriques.

Maladie de Parkinson

Cannabis et La Maladie de Parkinson

La maladie de  se traduit par un ralentissement des mouvements, une rigidité musculaire et des tremblements au repos. Les traitements actuels consistent à prescrire des doses de médicaments, par exemple du lévodopa, ou, plus rarement, à réaliser une intervention chirurgicale au niveau du cerveau. Certains patients souffrant de la maladie de Parkinson (ou parkinsonisme) ont fait savoir à leur médecin que le cannabis avait un effet bénéfique sur les symptômes de leur maladie. Cependant, les chercheurs qui ont conduit une étude en 1990 auprès de 5 patients ayant fumé du cannabis, n’ont pu relever aucune amélioration des symptômes (Frankel, 1990).

Une enquête menée par des scientifiques de l’université de Prague, auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson, met en lumière le fait que, dans le cas spécifique de ce trouble, et contrairement à d’autres maladies neurologiques, les effets bénéfiques du cannabis ne se manifestent qu’après une certaine durée. En 2002, cette enquête a été présentée aux États-Unis lors du Congrès international sur la maladie de Parkinson. Pour la réaliser, les chercheurs ont demandé à l’ensemble des patients atteints de parkinsonisme, suivis dans un service du centre médical à Prague, de répondre à un questionnaire. Parmi 630 formulaires envoyés, 339 ont été retournés. Voici les résultats de cette enquête : 25 % des patients ont déclaré consommer du cannabis, principalement par voie orale (feuilles fraîches ou séchées). Parmi eux, 46 % (39 personnes) ont observé une atténuation des symptômes de la maladie de Parkinson. 31 % ont signalé une diminution des tremblements au repos et 45 % ont ressenti une amélioration au niveau de la rigidité motrice. Quant au durcissement musculaire, un effet bénéfique a été observé par 38 % des patients et 14 % ont déclaré avoir ressenti une amélioration de la dyskinésie provoquée par le traitement à base de lévodopa. Les améliorations ont pu être observées en moyenne 1,7 mois après la première utilisation du cannabis.

Parfois, le traitement à la lévodopa provoque une dyskinésie chez les patients atteints de parkinsonisme. Le cas d’un patient isolé a été rapporté en 1985. Grâce à un traitement à base de cannabidiol (CBD) il a pu atténuer sa dyskinésie (Snider, 1985). Lors d’une étude conduite en 1998 auprès de 7 patients souffrant de dyskinésie liée à la lévodopa, le traitement à base de Dronabinol a également réduit significativement les dysfonctionnements dont souffraient les patients, sans pour autant aggraver l’ensemble des symptômes de la maladie de Parkinson (Sieradzan, 1998).

Globalement, il apparaît que les cannabinoïdes offrent un intérêt thérapeutique pour les troubles du mouvement (dyskinésies), effets secondaires induits par le lévodopa. En revanche, les résultats se sont révélés contradictoires pour la maladie de Parkinson. Il est possible qu’une telle contradiction soit liée au fait que les traitements à base de cannabis, contrairement à d’autres thérapies, doivent être utilisés longtemps avant qu’un effet thérapeutique soit mesurable.

Hyperkinésie, Tremblements Musculaires

Cannabis médical pour troubles de la motricité liés à une hyperkinésie

Les déficiences neuro-motrices font partie du groupe des troubles liés soit à une hyperkinésie, soit à une hypokinésie.

L’hyperkinésie est caractérisée par un excès de mouvements involontaires comprenant :

* des tics, par exemple dans le syndrome de Gilles de la Tourette
* des tremblements musculaires (tremblements essentiels)
* de la dystonie musculaire
* de la dyskinésie tardive
* de la myoclonie
* de la chorée

 

L’hypokinésie se traduit par une réduction de l’activité motrice, par exemple dans la maladie de Parkinson.

 

Tics : les bénéfices des produits à base de cannabis dans le traitement des tics ont déjà été évoqués dans le paragraphe relatif au syndrome de Gilles de la Tourette. En conclusion, les effets sont positifs.

 

Tremblements : certains patients atteints de SEP témoignent d’une réduction de leurs tremblements musculaires. En 1983, lors d’une étude menée auprès de 8 patients SEP, à qui l’on avait administré un traitement de 5 à 15 mg de Dronabinol, une amélioration considérable des importants tremblements a été observée chez deux d’entre eux. Chez les 6 autres patients, aucune amélioration notable n’a pu être constatée (Clifford, 1983). Lors d’une étude plus récente, menée en Grande-Bretagne, auprès de patients SEP souffrant de tremblements, l’administration par voie orale d’un produit extrait du cannabis n’a pas non plus apporté de bénéfice thérapeutique significatif. Il semblerait que peu de patients présentant ce symptôme répondent à cette forme de traitement.

En revanche, aucune étude clinique n’est disponible à ce jour pour répondre à la question de savoir si les produits dérivés du cannabis présentent un bénéfice thérapeutique contre les tremblements. Ces troubles sont principalement observés chez des personnes âgées dont une main tremble de façon ininterrompue rendant quasi impossible le simple fait de tenir une tasse. Il y a quelques années, une patiente SEP âgée, qui prenait un traitement à base de Dronabinol, m’a raconté que sa sœur avait essayé une de ses gélules de 2,5 mg de Dronabinol, et qu’ensuite les tremblements continuels avaient diminués progressivement. L’effet qui s’est produit vers midi a duré jusqu’au soir.

 

Dystonies : sous le nom de dystonie, on regroupe les troubles qui se traduisent par des crampes musculaires à intervalles rapprochés. Parmi ce groupe figurent la contraction spastique des paupières (blépharospasme), la torsion du cou (torticolis) et le spasme médian de la face, appelé également dystonie faciale (syndrome de Meige). Certains patients présentent des symptômes, comme la contraction des lèvres ou d’autres mouvements de la langue, tandis que d’autres développent des contractions s’étendant jusqu’aux épaules. Les traitements consistent soit en des injections locales de toxine botulinique, qui ont un effet paralysant et décontractant, soit en un traitement à base de médicaments, par exemple des benzodiazépines. En règle générale, les résultats obtenus avec ces traitements ne sont pas satisfaisants.

Dans des tests sur animaux (hamsters et rats), les cannabinoïdes ont pu calmer des mouvements dystoniques (Richter, 1994).

Chez l’homme, en revanche, il n’y a pas encore suffisamment de résultats disponibles issus d’études cliniques. Toutefois, deux scientifiques ont rapporté que la prise de 200 mg de cannabidiol (CBD) a réduit les symptômes chez un patient souffrant du syndrome de Meige (Snider, 1984). En 1986, un autre groupe de travail a révélé les résultats de ses recherches menées auprès de 5 patients atteints de diverses formes de dystonie. Les sujets avaient reçu un traitement à base de 100 à 600 mg de cannabidiol (CBD) par jour pendant six semaines (Sandyk, 1986). Grâce à ce traitement, les symptômes ont pu être diminués entre 20 et 50 %. En revanche, lors d’une étude en 2002, aucune amélioration des diverses formes de dystonie testées n’a pu être enregistrée avec un traitement à base de Nabilone, un dérivé synthétique du THC (Fox, 2002).

Au cours de la même année, une revue spécialisée a relaté le cas d’une canadienne, souffrant depuis plus de dix ans de dystonie et de fortes douleurs au niveau de l’hypothalamus. Malgré des traitements à base d’opiacés et d’autres analgésiques, elle n’arrivait pas à calmer suffisamment ses douleurs (Chatterjee, 2002). En revanche, en fumant les cigarettes de cannabis, elle a réussi à réduire considérablement ses souffrances.

Dyskinésie tardive : elle apparaît souvent comme effet secondaire d’un traitement à base de neuroleptiques (prescrits notamment dans des cas de schizophrénie). Ces effets secondaires s’étendent même une fois le traitement arrêté, voire, souvent, ils s’intensifient. Les symptômes habituels de dyskinésie tardive se caractérisent par des mouvements involontaires au niveau des mâchoires, de la langue et de la bouche, rappelant la mastication ou la grimace, mais aussi de mouvements rythmés des mains et du torse. De plus, la maladie peut également entrainer une affection respiratoire. De manière générale, les résultats des traitements avec les médicaments disponibles sont insatisfaisants. Quant aux traitements à base de cannabis, aucune étude clinique n’a été réalisée à ce jour. Je pourrais néanmoins témoigner des expériences positives d’un patient, mais puisqu’il s’agit d’un cas isolé, il n’est pas prudent de vouloir déjà en tirer des conclusions générales pour d’autres patients.

 

Myoclonie : elle se traduit par des apparitions brèves de contractions musculaires involontaires et irrégulières d’un muscle, ou d’un groupe de muscles. La myoclonie peut être déclenchée par une intoxication, une lésion cérébrale infantile ou une sclérose en plaques. Des patients SEP ont relaté que les produits à base de cannabis leur sont bénéfiques.

 

Chorées : parmi les diverses chorées, c’est la chorée de Huntington, ou chorée rhumatismale, qui est la plus répandue. Elle est caractérisée par de rapides contractions involontaires et irrégulières de groupes musculaires, répandues dans tout le corps. De plus, le psychisme du patient tend à se modifier. À la faculté de Médecine de Hanovre (Allemagne), une patiente atteinte de la chorée de Huntington a reçu un traitement à base de Dronabinol (Müller-Vahl, 1999). Au cours des heures qui ont suivi la prise du médicament, les symptômes de la maladie se sont aggravés. Dans une autre étude, le Nabilone s’est avéré avoir des effets positifs (Curtis, 2006). De ce fait, le rôle des cannabinoïdes dans la maladie de Huntington demande à être mieux précisé.

Spasticité, sclérose en plaques et paraplégie

Cannabis et spasticité, sclérose en plaques et paraplégie

La paralysie spastique, c’est-à-dire la spasticité d’origine organique, est caractérisée par une plus grande résistance du muscle à un mouvement passif. Au départ, elle peut être provoquée par un infarctus cérébral (attaque cérébrale), mais elle peut également apparaître à la suite de lésions (paraplégie), l’anoxie du nouveau-né à la naissance (infirmité motrice cérébrale infantile – IMC) ou lors de maladies dégénératives du système nerveux (sclérose en plaques SEP). On distingue la spasticité d’origine cérébrale, provoquée par une lésion cérébrale (attaque cérébrale, IMC infantile) de la spasticité d’origine spinale, provoquée par une lésion de la moelle épinière (paraplégie ou SEP).

Les symptômes de spasticité se traduisent par un affaiblis-sement musculaire, des maladresses et des troubles de l’activité motrice fine ainsi que par une augmentation du tonus, des douleurs et des contractions involontaires (spasmes) des muscles.

L’infirmité motrice cérébrale infantile est principalement traitée au moyen d’une rééducation thérapeutique. En revanche, pour d’autres types de spasticité, on utilise des médicaments visant à décontracter les muscles, notamment les benzodiazépines (tétrazépam et baclofène). Dans de nombreux cas, ces médica-ments ne soulagent pas suffisamment ou alors au prix d’effets secondaires parfois insupportables pour les patients. En ce qui concerne l’insuffisance motrice cérébrale, les médicaments actuellement disponibles sur le marché n’ont quasiment pas d’effet bénéfique sur la maladie.

Voici le témoignage d’un homme souffrant de sclérose en plaques : « Je suis atteint d’une maladie du système nerveux central, à ce jour toujours incurable, qui évolue depuis près de dix ans et dont les symptômes sont, entre autres, des contractions irrégulières et douloureuses des muscles (spasmes). Il s’agit de la sclérose en plaques,… Lors d’un moment de désespoir, j’ai décidé de fumer une pipe d’herbe de cannabis. J’ai été surpris de découvrir que lorsque je tendais mes bras, mes mains ne tremblaient plus et que les spasmes douloureux s’étaient considérablement calmés. Suite à cette découverte, et pendant un certain temps, j’ai testé de façon méthodique si le cannabis fumé pouvait effectivement être bénéfique contre ma maladie. J’en ai conclu que le THC peut être très utile pour soulager les symptômes de la sclérose en plaques ».

Selon une enquête menée en 1997 auprès de 112 patients américains et britanniques, atteints de SEP et qui ont consommé du cannabis de façon illégale pour se sentir mieux, les résultats ont confirmé une amélioration d’un grand nombre de symptômes, dont la spasticité, les tremblements, les douleurs, les troubles de la sensibilité et l’angoisse (Consroe, 1997). Or, de nombreux patients atteints de SEP ou paraplégiques souffrent également de problèmes de contrôle de la vessie et du rectum qui aggravent leur état et qui restent difficiles à traiter avec les médicaments actuels. Grâce au témoignage de nombreux patients, cette enquête a également relaté une réduction de la gêne urinaire, de la rétention d’urine, de l’incontinence urinaire et fécale.

Deux études cliniques, présentées en octobre 2001 à Berlin lors du congrès de l’Association International pour le Cannabis Médical, ont confirmé l’effet positif du cannabis sur les troubles du fonctionnement de la vessie. Une étude dirigée par le Dr Ulrike Hagenbach du centre de réadaptation (REHAB) de Bâle (Suisse) a été conduite auprès de 15 patients souffrant de paraplégie spastique et qui ont reçu soit un traitement à base de Dronabinol, soit un placebo (Hagenbach, 2001). Une amélioration de certains paramètres de l’activité vésicale a été enregistrée, notamment celui du volume maximal de remplissage, qui, grâce au Dronabinol, a pu être augmenté. Sous la direction du Dr Ciaran Brady et du professeur Claire Fowler de l’Hôpital national de Neurologie et de Neurochirurgie de Londres, une autre étude a été menée avec des patients atteints de SEP en stade avancé, accompagnée de problèmes de l’activité vésicale. L’administration du Dronabinol s’est faite par voie sublinguale avec un spray à base de cannabis (Brady, 2001). Dans cette étude, la capacité maximale de remplissage de la vessie a été augmentée et la fréquence à laquelle la vessie demandait à être vidée a été diminuée, de jour comme de nuit. Le problème de la fréquence avec laquelle le besoin d’uriner apparaît, et qui se pose souvent aux patients SEP, est lié à l’hypertonie musculaire qui touche la vessie.

Le système cannabinoïde endogène (endocannabinoïde) semble jouer un rôle important dans les troubles de spasticité. C’est ce que des chercheurs britanniques ont découvert chez le modèle animal (souris) de la SEP accompagnée de spasticité. Chez ces souris, la concentration en endocannabinoïdes, ou canna-binoïdes endogènes est considérablement plus élevée que la normale (Baker, 2000). Il semblerait que l’organisme essaie de répondre à la spasticité en produisant et en libérant une plus grande quantité de cannabinoïdes endogènes. L’apport exogène de THC a permis de réduire la spasticité.

Aux États-Unis, une enquête menée en 1982 auprès de patients atteints de lésions de la colonne vertébrale, a révélé que 22 des 43 patients interrogés consommaient du cannabis pour réduire leurs crampes musculaires (Malec, 1982). Depuis, le bénéfice thérapeutique des préparations à base de cannabis s’est fait une réputation parmi les patients souffrant de spasticité d’origine organique. Ainsi, dans de nombreux centres de réadaptation pour paraplégiques, situés dans les pays germanophones, fumer du cannabis est devenu une pratique souvent tolérée par les médecins.

L’efficacité du THC pour traiter les différents types de spasticité d’origine organique a été démontrée grâce à des études conduites individuellement ou en petits groupes. Parmi 9 patients SEP, 7 patients ont déclaré avoir remarqué une première amélioration significative avec une posologie de 5 à 10 mg de Dronabinol par voie orale (Petro, 1981). 3 patients atteints d’une forme tonique de spasticité ont également pu constater les mêmes effets. En revanche, chez les patients présentant une lésion du cervelet aucune amélioration de leur état n’a pu être observée (Petro, 1981). Dans une autre étude, le traitement à base de Dronabinol a apporté une amélioration visible de la coordination musculaire chez 2 personnes sur les 8 patients (Clifford, 1983). Dans une étude suisse, conduite auprès de 2 patients (un patient SEP et un patient paraplégique), une amélioration significative de la spasticité a pu être observée dans les deux cas ainsi qu’une atténuation des douleurs dans l’un des cas (Brenneisen, 1996). Les 2 patients ont reçu des gélules dosées à 10 ou 15 mg de Dronabinol et des suppo-sitoires de 2,5 ou 5 mg.

Une étude de six semaines a été menée auprès de 15 personnes paraplégiques au centre de réadaptation pour paraplégiques et victimes de traumatismes cérébraux (REHAB) de Bâle (Suisse). Les patients ont reçu des gélules à base de THC selon une posologie adaptée individuellement. Suite à la première phase des essais, ayant pour objet de définir les doses appropriées à chaque cas, une posologie moyenne de 30 mg de THC par jour a été réalisée, permettant une réduction significative des symptômes de spasticité (Hagenbach, 2003). Une deuxième phase ouverte de six semaines a consisté à administrer des suppositoires contenant du THC à 7 patients. La spasticité a aussi pu être réduite. Finalement, une troisième phase avec un groupe témoin a été réalisée avec 13 patients ayant reçu soit du THC, soit un placebo. Sous l’influence du THC, les symptômes de spasticité ont diminué de façon extraordinaire (Hagenbach, 2003).

La plupart du temps, la constatation objective d’une amélio-ration des symptômes de spasticité et de la coordination musculaire a lieu avec un dosage en dessous du seuil de l’effet psychotrope. En Suisse, dans une étude individuelle, le juriste Rudi P. a été traité efficacement pendant plusieurs années avec un traitement à base de THC à faible dosage sans que la moindre diminution de l’efficacité du médicament n’ait pu être observée (Maurer, 1990). De plus, le cannabis, contrairement à tous les autres médicaments antispasmodiques, offre un effet anti-ataxique, ce qui signifie qu’il peut améliorer les troubles de la coordination motrice des mouvements. Une étude supplé-mentaire a permis de démontrer que les tremblements des mains d’un patient SEP ont ainsi pu être réduits de manière significative (Meinck, 1989).

Il faut néanmoins ajouter que le cannabis ne garantit pas une amélioration dans tous les cas. Par exemple, chez certains patients, il peut parfois aggraver provisoirement les symptômes de spasticité. Cela est également valable pour quelques patients SEP, chez qui la balance organique peut être davantage déséquilibrée (Greenberg, 1994).

C’est ainsi qu’un homme de 51 ans, atteint de SEP, a témoigné qu’il était dans l’ensemble satisfait des effets bénéfiques sur l’intensité des spasmes, en fumant ou en mangeant occasion-nellement 0,1 g de cannabis. Selon lui, l’effet relaxant durait quatre heures, mais parfois la spasticité retrouvait un peu plus de vigueur le lendemain matin.

Voici un autre témoignage d’un homme âgé de 59 ans qui, depuis 1989, date à laquelle il a subi une intervention chirurgicale sur une tumeur bénigne du cerveau, est atteint d’une paralysie, de multiples douleurs, de crampes musculaires, de déficits moteurs, de vertiges et de troubles de l’équilibre. « Le cannabis contribue à calmer mes problèmes musculaires, à atténuer mes douleurs, à améliorer mon humeur, à me stimuler, à augmenter mon appétit, à me sentir mieux en général et à améliorer la qualité de mon sommeil. Pour le consommer, je confectionne des biscuits en ajoutant du cannabis dans la pâte. Je fais très attention au dosage puisque je réagis mieux à de petites doses, qui me suffisent. Il arrive qu’au début des sensations de vertiges et de perte de l’équilibre, accompagnées de tensions musculaires s’accen-tuent, mais elles diminuent ensuite rapidement ». Au cours des derniers mois, cet homme a pu réduire considérablement la posologie d’un analgésique puissant et il a arrêté complètement l’un des deux antidépresseurs qui lui étaient prescrits : « C’est vraiment formidable quand on peut remplacer un produit chimique par un produit naturel. Pour moi, le cannabis est un médicament sans aucun effet secondaire indésirable », a-t-il ajouté.

Maladies neurologiques

Cannabis et maladies neurologiques

Grâce à leurs propriétés relaxantes et antispasmodiques musculaires, les produits naturels à base de cannabis sont utili-sés avec succès dans les traitements des maladies accompagnées d’hypertonie musculaire et de crampes, notamment dans le cas de paraplégie ou de sclérose en plaques (SEP). Dans ces cas précis, les effets analgésiques du cannabis offrent un intérêt thérapeutique supplémentaire. Comme pour le syndrome de Gilles de la Tourette, qui a été traité au chapitre précédent, quelques personnes présentant des troubles de la motricité, atteintes par exemple de la maladie de Parkinson, de la dystonie musculaire, de la dyskinésie ou de tremblements ont également pu tirer profit des effets des produits dérivés de cannabis. D’autres maladies neurologiques peuvent également être atténuées par l’utilisation de ces produits, par exemple l’épilepsie, la borréliose, la maladie de Friedreich, la syringo-myélie, la paralysie spastique d’origine spinale, la sclérose latérale amyotrophique, l’apoplexie et la spasticité à la suite d’un traumatisme cérébral.

Syndrome de Gilles de la Tourette

Cannabis et le Syndrome de Gilles de la Tourette

Sous la direction du Dr Kirsten Müller-Vahl de la faculté de Médecine de Hanovre (Allemagne), plusieurs études ont été menées au cours de ces dernières années traitant de l’efficacité du Dronabinol chez des patients atteints du syndrome de Gilles de la Tourette. En effet, certains de ces patients, qui se rendaient régulièrement au service des consultations spécialisées externes, avaient déclaré avoir observé des améliorations de leur état de santé grâce à la consommation de cannabis. Entre 1994 et 1996, des enquêtes menées systématiquement auprès de 47 patients ont révélé que 13 patients consommateurs de cannabis ont observé une action bénéfique sur les symptômes de leur maladie (Müller-Vahl, 1998). D’autres auteurs ont également publié quelques articles dans la presse spécialisée sur des cas isolés et qui relatent des expériences similaires (Hemming, 1993 ; Sandyk, 1988).

Le syndrome de Gilles de la Tourette est une maladie neuro-psychiatrique complexe qui apparaît généralement au cours de l’enfance ou de l’adolescence. Il est caractérisé par des tics, des sortes de contractions musculaires involontaires, surtout au niveau du visage, du cou et des épaules (crispation de la bouche, mouvements saccadés de la tête). Dans la plupart des cas, en plus d’éventuels troubles du comportement, comme l’automutilation et l’hypersexualité, le syndrome est souvent accompagné de tics vocaux consistant involontairement en des sons voire des insultes. Des déficits de l’attention et de l’hyperactivité, similaires au TDAH, des pensées obses-sionnelles et des compulsions sont souvent observés en parallèle.

Lors de la première étude dirigée par le Dr Kirsten Müller-Vahl, à la faculté de Médecine de Hanovre, les patients participants ont reçu une dose unique de l’ordre de 5 à 10 mg de Dronabinol (THC) sous forme de gélules (Müller-Vahl, 2002). Les obser-vations ont révélé la réduction des tics et des symptômes obsessionnels et compulsifs. Certains sujets ont signalé des effets secondaires de courte durée comme des maux de tête, des nausées, des vertiges, des peurs, de l’euphorie, des tremblements, des sensations de bouche sèche et des bouffées de chaleur. Le traitement à base de Dronabinol à la posologie citée n’a pas eu d’effet significatif sur l’humeur, ni sur les facultés de concentration des patients.

 

Évolution de l’intensité des tics chez sept patients souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette au début pendant et à la fin de l’étude. Les patients ont reçu pendant six semaines soit un traitement de 7,5 à 10 mg de Dronabinol (THC), soit un placebo. (Reproduction avec l’aimable autorisation de Müller-Vahl et al., Journal of Clinical Psychiatry, 2003 ; 64(4) :459-465).

 

Dans une deuxième étude menée auprès de 17 patients, l’efficacité et la tolérance du Dronabinol ont été testées pendant six semaines (Müller-Vahl, 2003). Le Dronabinol a été administré soit au petit déjeuner, soit au repas de midi. La posologie initiale a été fixée à 2,5 mg de Dronabinol pour être augmentée de 2,5 mg tous les trois jours jusqu’à une dose maximale de 10 mg par jour. Comme lors de la première étude, les symptômes de la maladie ont pu être significativement réduits et, dans l’ensemble, sans provoquer d’effet secondaire notable, même au dosage maximal. Un seul patient, à une posologie de 5 mg de Dronabinol, a développé des peurs pendant vingt-quatre heures.

Trouble Obsessionnel Compulsif

Cannabis et Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), pensées, impulsions et tendances impératives

Parmi les symptômes du Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), à la fois des plus troublants et des plus inquiétants, figurent les intrusions persistantes de pensées ou d’impulsions que le sujet réprouve, également connues sous le nom d’obsessions. De même, les tendances impératives, ou compulsions, qui consistent à accomplir et à renouveler sans cesse certains rituels, peuvent provoquer d’importantes situations de stress. De plus, elles monopolisent de nombreuses heures au cours d’une journée. Les pensées ou impulsions réprouvées concernent par exemple la peur d’attraper une maladie contagieuse ou d’être sujet à d’autres menaces inventées, la sexualité, les mœurs ou le besoin de disposer ou d’orienter des objets d’une certaine manière. Parmi les tendances impératives figurent les rituels du lavage et de l’hygiène, le comptage d’objets, la vérification répétée de faits, comme par exemple une porte fermée à clé.

Des chercheurs de Berlin, Allemagne, ont rapporté dans la revue scientifique American Journal of Psychiatry deux cas de TOC traités efficacement avec du Dronabinol. Les deux patients, une femme et un homme âgés respectivement de 38 et 36 ans, étaient réfractaires à tous les traitements neuroleptiques et antidépresseurs conventionnels (Schindler, 2008). Un patient informa sont médecin que ses symptômes étaient réduits par l’usage de cannabis fumé. Il lui fut alors prescrit 10 mg de Dronabinol trois fois par jour en plus de son traitement au clomipramine. Les symptômes furent réduits au bout de dix jours. Le second patient reçut aussi du Dronabinol jusqu’à 10 mg deux fois par jour également en plus du traitement en cours. Une réduction significative des symptômes fut notée au bout de deux semaines. Les troubles obsessifs compulsifs sont des troubles psychiatriques de l’anxiété qui se caractérisent la plupart du temps par des pensées obsessives, envahissantes et douloureuses accompagnées de rituels (manies) qui visent inconsciemment à neutraliser les obsessions. Beaucoup de patients réagissent mal aux traitements conventionnels qui causent parfois des effets secondaires importants. Compte tenu de l’efficacité du THC dans le traitement du syndrome de Gilles de la Tourette d’une part, et de la relation génétique entre les TOC et le syndrome de Gilles de la Tourette d’autre part, les chercheurs ont conclu que le THC pourrait également améliorer efficacement les symptômes liés aux troubles obsessifs compulsifs.

Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH)

Cannabis et trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH)

Aux États-Unis, les médias ont largement relayé un fait divers de décembre 2001. Le juge d’un tribunal californien avait en effet rejeté la demande déposée par les services des affaires sociales qui demandait de retirer l’autorité parentale à une mère, dont ils avaient appris qu’elle confectionnait des gâteaux contenant du cannabis pour soulager les troubles importants dont souffrait son fils de huit ans. Les services sociaux jugeaient que cette mère n’était pas capable de s’occuper correctement de son enfant. Elle s’était défendue en déclarant qu’elle lui administrait du cannabis sur le conseil de son pédiatre car les médicaments classiques n’étaient pas suffisamment efficaces. Après avoir essayé le cannabis, elle avait constaté d’importants changements dans le comportement de son fils : ses troubles d’humeur avaient diminué, sa capacité de concentration s’était améliorée et il s’était lié d’amitié avec d’autres enfants.

Des scientifiques du Département de Médecine Routière et Légale de l’Université de Heidelberg, Allemagne, ont étudié les effets du cannabis sur les fonctions de conduite routière d’un homme âgé de 28 ans atteint de TDAH (Strohbeck-Kuehner, 2007). Il avait été verbalisé à plusieurs reprises et son permis de conduire lui avait été retiré pour conduite sous l’effet du cannabis. Il présentait un comportement impulsif et manquait d’attention lors du premier examen avec un psychiatre. Il fut autorisé à suivre un test de conduite routière sous l’influence du Dronabinol (THC) que son médecin lui avait prescrit pour soulager ses symptômes. L’examinateur s’attendait à ce qu’il ne soit pas capable de conduire sous l’influence du médicament à base de cannabis. A la seconde consultation, son comportement était beaucoup moins impulsif. Les résultats aux tests de réactions, attention soutenue, orientation visuelle, perception de la vitesse et attention divisée se sont avérés dans la moyenne voire au-dessus. Une prise de sang, réalisée après le test, a révélé un taux de THC très élevé dans le sérum sanguin (71 ng/ml). Le patient avoua par la suite qu’il avait fumé du cannabis à la place de prendre son traitement de Dronabinol, celui-ci étant trop coûteux et non remboursé. Les scientifiques ont noté que « statistiquement, les personnes atteintes de TDAH violent plus souvent le code de la route, commettent plus souvent des actes criminels, et sont plus souvent impliqués dans des accidents de la route mortels » et conclurent que « chez les personnes atteintes de TDAH, il est nécessaire de prendre en compte les effets atypiques du cannabis, notamment sur l’amélioration de la conduite routière ».

Les premiers symptômes du TDAH peuvent apparaître dès la scolarisation, voire avant, et être accompagnés ou non d’hyperactivité. Les personnes souffrant de TDAH rencontrent, entre autres, des difficultés à rester assises tranquillement, à agir méthodiquement, à terminer un travail commencé ou à être pleinement conscientes de ce qui se passe autour d’elles. Vu de l’extérieur, elles apparaissent comme des coups de vent, totalement désordonnées. Les symptômes d’hyperactivité dispa-raissent souvent à l’adolescence mais certains adultes conti-nuent, souvent sans le savoir, de souffrir de divers troubles dans leur vie quotidienne.

En 2008, j’ai reçu le message d’un patient français atteint de TDAH. Après une psychanalyse de 4 années, le patient avait finalement été diagnostiqué TDAH par plusieurs psychiatres. Voici son témoignage : « Il y a quelques mois, j’ai consulté un septième psychiatre, dit comportementaliste, et celui-ci m’a diagnostiqué un trouble de l’hyperactivité TDAH. Plus tard, ce trouble m’a été confirmé par un autre pédopsychiatre spécialisé. J’avais déjà ce trouble étant enfant mais celui-ci était totalement refoulé, créant chez moi, en grandissant, de multiples symptômes, incluant des tendances alcooliques, suicidaires et dépressives, ainsi qu’une très forte anxiété et un profond mal-être. J’ai aussi développé divers problèmes de gestion émotionnelle qui, sous l’effet des alcools forts et du Valium®, m’ont conduit une semaine en hôpital psychiatrique. Le diagnostique de mon trouble m’a permis de comprendre pourquoi je consommais du cannabis depuis près de 14 ans. Le cannabis a en réalité de multiples effets bénéfiques sur moi. Il m’aide principalement à lutter contre les tendances dysphori-ques et une hyper-anxiété (onychophagie) que je ressens chaque jour dès le matin. Ensuite, il permet, lorsque je sens monter mon taux d’adrénaline et mon agressivité, de me calmer très rapidement. Enfin, comme je fonctionne trop vite, et que j’ai souvent trop d’idées en tête, il calme mon trop plein d’activité cérébrale et je peux alors mieux me focaliser et travailler plus efficacement. Pour autant, bien que consommant depuis longtemps entre 1 et 2 g de cannabis par jour, j’estime ne pas souffrir d’effets secondaires qui justifieraient de changer pour un autre traitement comme des psychostimulants ».

Maladies neuropsychiatriques

Cannabis et des maladies neuropsychiatriques

Les troubles, appartenant à la famille des maladies neuropsychiatriques, sont relativement fréquents, notamment le Trouble Déficit de l’Attention (TDA) et le Trouble Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH) qui sont observés chez près d’un enfant sur vingt (5 %) ainsi que chez l’adulte. Le syndrome de Gilles de la Tourette, en revanche, est une maladie beaucoup moins fréquente. Il se caractérise par des mouvements involontaires, appelés couramment des tics. En dernier lieu figure un groupe de troubles supplémentaires caractérisés par des intrusions de pensées, des impulsions réprouvées ou des tendances impératives comme par exemple se laver les mains souvent (trouble obsessionnel compulsif ou TOC).